À propos de Louise Colet

Les Amis de Flaubert – Année 1957 – Bulletin n° 10 – Page 11

 

À propos de Louise Colet

Le hasard remet sous nos yeux une communication signée P. Dy ( ?), parue dans le Mercure de France (15 février 1936), sous ce titre : Victor Hugo, Louise Colet et Gustave Flaubert. Elle ne nous était pas inconnue cette communication ; nous l’avions seulement perdue de vue. Estimant qu’elle peut heureusement compléter notre chronique parue dans le Bulletin des Amis de Flaubert (n° 6), nous nous sommes reporté au volume de Jules Claretie, intitulé : La Vie à Paris (1910), qui a provoqué l’écho précité du Mercure de France.

Après avoir rappelé que le public parisien d’alors semblait prendre un plus grand plaisir, que précédemment à revivre le passé évoqué dans les conférences des Frédéric Masson, des Gaston Deschamps, des Marquis de Massa et de Ségur, Jules Claretie ajoute que ce dernier entretint ses auditeurs de Louise Colet, « un bas bleu aussi illustre et aussi jolie femme que bien des bas azurés d’aujourd’hui ». Et continue ainsi : « À propos de cette Louise Colet, dont je me rappelle la beauté un peu grasse (je ne l’ai aperçue qu’à la fin de sa vie), Victor Hugo, qui l’avait connue plus intimement peut-être que Victor Cousin lui-même, me disait un jour :

« J’ai cru longtemps que ce nom « Gustave Flaubert » n’était qu’un pseudonyme de Mme Louise Colet. Pendant les premières années de mon exil, je n’écrivais jamais à Mme Colet que sous le couvert de « M. Gustave Flaubert », à Rouen ou à Croisset. Je me figurais que ce Gustave Flaubert v pas, et en traçant son nom sur l’enveloppe, c’est à Louise Colet que je pensais. À ce point que j’envoyais les phrases les plus tendres à « mon cher Flaubert ». Ce ne fut que lors de l’apparition de Madame Bovary, que j’appris qu’il y avait vraiment au monde un M. Gustave Flaubert !

» Un moment, ajoutait le poète, qui avait l’esprit gravement malicieux, je crus que Mme Colet faisait peau neuve et désormais allait signer ses romans « Gustave Flaubert », mais ce qu’on me dit de Madame Bovary (car je n’avais guère le temps de lire ce livre) me convainquit que l’œuvre n’était pas de Mme Colet et que Gustave Flaubert existait bien, en chair et en os. Et en esprit, car c’est un maître ».

Et le chroniqueur du Mercure de France d’ajouter : « On n’est pas tenté de douter de ce que raconte Claretie. Pourtant, on voudrait bien voir — tant cette histoire paraît « hénaurme » — les lettres d’Hugo à Louise Colet ». Nous aussi. N’ont-elles pas été publiées ?

Maurice Haloche