Les Amis de Flaubert – Année 1957 – Bulletin n° 11 – Page 49
Comptes rendus critiques et bibliographie
Sommaire : Correspondance d’entre Flaubert et George Sand p. 49 – En marge du centenaire de Madame Bovary p. 50-52 – Autour de Flaubert et de son œuvre p. 54 – Bibliographie p. 63
Correspondance d’entre Flaubert et George Sand
La correspondance d’entre Flaubert et George Sand a déjà fait l’objet de nombreuses publications et études.
M. Alph F.-J. Jacobs, dont on connaît la compétence et le zèle en la matière, publie dans le « Bulletin du Bibliophile 1956 », numéro 6, une remarquable et nouvelle étude sur la question.
Avec une précision étonnante, il rectifie de nombreuses erreurs de datation dans le classement des éditions de la Correspondance, publiée depuis 1910 et notamment en 1929-1930.
Cet opuscule est à posséder par tous les Amis de Flaubert.
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En marge du centenaire de Madame Bovary
Dans notre dernier Bulletin des Amis de Flaubert (n° 10), nous avons signalé un certain nombre d’articles ou de manifestations littéraires et artistiques ayant entouré la célébration du Centenaire.
Voici une liste complémentaire de ces hommages :
I. — Revue de l’Histoire Littéraire de la France, janvier-mars 1957.
Cette précieuse Revue, qu’anime de tout son zèle notre sympathique vice-président et ami, M. Jean Pommier, professeur au Collège de France, a consacré la presque totalité du numéro trimestriel (janvier-mars 1957) à Flaubert et à Madame Bovary.
C’est d’abord une excellente étude de miss Constance West, une de nos fidèles adhérentes, professeur à Englefield Green (Angleterre), sur la première rencontre Gustave Flaubert-Harriet Collier, à Trouville, en juillet 1842 (et non pas en 1837 comme il a été maintes fois indiqué par erreur).
Cette étude rappelle utilement les Mémoires et les Writen by Request de Gertrude Collier, sœur aînée d’Henriette, dont la traduction a paru dans le Bulletin Flaubert, n° 7, sur étude en anglais de M. Ch. Spencer (1) et complète les deux articles parus sur le même sujet, sous la signature de Mme L. Chevalley-Sabatier, dans les Bulletins Flaubert, n° 8 et 9. Elle donne d’excellents détails sur le séjour des Flaubert à Trouville.
Le même numéro de la Revue de l’Histoire Littéraire de la France publie, sous la signature du chanoine L. Letellier, un de nos meilleurs critiques de Louis Bouilhet, un excellent article commentant plusieurs lettres inédites de Flaubert et de Bouilhet à Jean Clogenson, qui fut successivement préfet de l’Orne, conseiller à la Cour d’Appel de Rouen et membre de l’Académie des Belles Lettres de Rouen (honneur qui n’échut ni à Flaubert, ni à Bouilhet). Cet article est à lire, car il contient les plus précieux renseignements sur les pièces de Louis Bouilhet, jouées, comme on le sait, avec des succès différents sur plusieurs scènes parisiennes.
Suit alors un article — documenté comme l’auteur sait en écrire — sur Flaubert et George Sand, de notre ami Alph. F.-J. Jacobs.
M. Jacobs nous avait déjà fait le plaisir et l’honneur d’une remarquable étude sur George Sand à Croisset (Bulletin n° 8). Il détaille l’illustre amitié des deux écrivains lors de leurs séjours à Paris. Un excellent index biographique des noms cités complète heureusement cette étude.
Le même numéro contient deux autres études, intitulées : L’Exploitation Artistique d’une source lyrique chez Flaubert, où l’auteur, Germaine-Marie Masson, cherche à établir les éléments romantiques dont Flaubert s’est servi lors de la composition de ses œuvres, notamment Salammbô et l’Éducation Sentimentale.
De Volupté à l’Éducation Sentimentale, où l’auteur André Vial rapproche la composition de l’ouvrage de Sainte-Beuve de celle de l’ouvrage de Flaubert et pose implicitement le problème littéraire suivant. Quelle fut l’influence de Volupté sur l’Éducation Sentimentale ?
II — Dans le « Soir » de Bruxelles du dimanche 17 février 1957 Léon Treich écrit sous le titre : « Il y a cent ans Flaubert écrivait à « La Revue de Paris » et commente la lettre désormais célébré de Flaubert à Laurent Pichat, directeur de la « Revue de Paris », protestant contre les coupures faites par Maxime du Camp et par lui-même, Laurent Pichat dans le texte de Flaubert, lors de la parution du roman, en 1856, dans la « Revue de Paris ».
L’original de cette lettre a été vendu par la librairie Loliée rue des Saints-Pères, à Paris, en février 1957, pour le prix de 135.000 francs.
III – Dans la « Guilde du Livre » de mars 1957 – Bulletin mensuel n° 3, publié à Lausanne — Élisabeth Forquerol consacre deux bonnes pages à la célébration du Centenaire.
IV — Mercure de France, avril 1957 :
Dans le « Mercure de France » d’avril 1957, Mme Marie-Jeanne Durry — dont on se rappelle la très brillante conférence qu’elle fit aux Amis de Flaubert et à Rouen, le dimanche 19 décembre 1954 — célèbre à sa manière le Centenaire de la Bovary. Elle analyse avec beaucoup de talent et de goût le caractère si féminin de la pauvre Emma.
V — Revue des Deux Mondes, 15 avril 1957 :
Dans la « Revue des Deux Mondes » du 15 avril 1957, M. Maurice Levaillant, membre de l’Institut, dont on lit toujours avec le plus grand profit les articles, notes et nouvelles concernant Flaubert et son œuvre, fait un excellent résumé chronologique des événements ayant accompagné, il y a cent ans, la parution de Madame Bovary.
M. Maurice Levaillant ne paraît pas — heureusement ! — faire grand crédit des « sources classiques » de Madame Bovary (Ry, le portrait de Mme Joseph Court, Mme Pradier et ses fameux Mémoires, dictés pour Flaubert ( ?), le pharmacien Bellemère, etc., etc.). C’est tant mieux car il faut — reconnaissons-le — un certain courage pour arracher tout ce fatras de stupides légendes à la genèse, pourtant bien simple à comprendre, de ce roman essentiellement composite qu’est Madame Bovary.
VI — Dans Les Nouvelles Littéraires du 25 avril 1957 :
M. René Dumesnil consacre un article au Centenaire, duquel nous extrayons volontiers ce qui suit :
« Rentré à Croisset – d’où il était parti au début d’octobre 1849, Flaubert se retrouve, en juin 1851, devant son écritoire, la tête encore bourdonnante de tout ce qu’il a vu et qu’il va maintenant regretter… Que de fois reverra-t-il, à travers les paysages normands qu’il décrit, la barque qui voguait sur le Nil, le cheval qu’il menait au galop sur les pistes du désert ? IL lui avait fallu le dépaysement pour sentir la solidité des liens qui l’attachaient à la terre normande. Il en est des amours immatérielles comme de certaines amours humaines : l’absence les fortifie. Maintenant l’Afrique, l’Orient vont lui manquer. Comme Emma étendue près de son bon lourdaud de Charles, dans le lit conjugal, rêve à de lointains voyages où son amant l’entraine « au galop de quatre chevaux emportés vers un pays nouveau d’où ils ne reviendraient plus ». Flaubert rêve à ce qu’il a connu là-bas, et cette obsession lui fera écrire Salammbô après Madame Bovary, Hérodias après l’Éducation Sentimentale. Il a même en tête un roman sur l’Orient moderne que la mort l’empêchera d’entreprendre. Il en a trouvé le titre : Harel Bey, et certains passages d’une lettre à George Sand, au lendemain de la déclaration de guerre, en août 1870, nous montre comme cet homme « qui ne regardait rien » sut observer l’évolution fatale des pays d’Orient au contact de la civilisation occidentale.
Il a pressenti que « les grands travaux collectifs comme l’isthme de Suez pourraient être des ébauches et des préparations de conflits monstrueux où l’on verra plusieurs millions d’hommes s’entretuer en une séance ».
VII. – dans le supplément littéraire de The Times du vendredi avril 1957, copieux et excellent article sur le centenaire. L’auteur y analyse avec beaucoup de précision les éléments qui ont servi à composer le roman.
VIII. – dans Paris-Normandie du vendredi 17 mai 1957 :
M. Maurice Morisset publie un bref mais excellent article : Plaidoyer pour Emma et pour Gustave Flaubert. Il analyse parfaitement le cruel déterminisme qui a poussé Flaubert à ne point sauver Emma Bovary, ce qui étonna et peina Lamartine.
IX. — Le mardi 25 juin 1957, à la Télévision Française il y eut une bonne émission réalisée par Pierre Viallet et commentée par M. Marcel L’Herbier sous le titre : Héros imaginaires, et sur le Centenaire de la parution du roman.
Les commentaires, ainsi que les projections, étaient — ce qui est rare au point. Le réalisateur avait repris, rajeuni le film de Jean Renoir, projeté en 1934, avec Valentine Tessier dans le rôle d’Emma Bovary et Max Dearly, dans celui du pharmacien Homais, ce film étant au surplus celui qui se rapproche le plus du texte et donne la meilleure impression d’ensemble qui puisse exister à ce jour.
X. — Dans Lectures pour Tous de juillet 1957 (n° 43) :
M. Jacques Baudin publie le reportage classique du Centenaire sous le titre sentimental : Quand Flaubert pleurait d’amour. Il y est question en un doux mélange, de Madame Bovary, de Delphine Delamare D’Élisa Schlésinger, de la Duchesse de Berry et de la Mère David. Bien entendu en bonne place, figure le portrait de Mme Joseph Court, donné suivant l’usage, comme le prototype d’Emma Bovary. C’est dommage !
XI. — Dans L’Anneau d’Or (cahiers de spécialité conjugale et familiale), n° 74, mars-avril 1957, pages 202 à 207, un très bel article de M. Pierre-Henri Simon sur le Centenaire de Madame Bovary.
(1) Du nouveau sur la jeunesse de Flaubert. Texte anglais de Ph. Spencer traduction G. Bosquet.
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Les Journaux et Revues qui veulent bien parler
de notre Bulletin
1. — Dans Artaban du vendredi 19 avril 1957, M. René Herval — qui annonce la publication prochaine de son ouvrage : Les Véritables Origines de Madame Bovary — indique à grands traits, accompagnés de clichés, les raisons, sérieuses selon lui, de voir en Forges-les-Eaux, sinon le lieu exclusif, du moins un des lieux certains du roman.
2. — Le Devoir (Montréal) du lundi 22 avril 1957. Un article de René
Jeanne sur Madame Bovary et le Cinéma, où l’auteur déplore la mise au cinéma de Madame Bovary, signalant l’intervention de notre Société et celle de la Société des Gens de Lettres, lors de la projection sur l’écran, il y a quelques années, d’un film américain relatant ( ?) l’aventure d’Emma Bovary.
3. — Dans Paris-Normandie du mardi 18 juin 1957, notre ami Gontran Pailhès publie un bref mais persuasif compte rendu de notre dernier Bulletin, n° 10, où il vante, à juste titre, le remarquable article de Pierre Labracherie sur Gustave Flaubert au Collège Royal de Rouen.
4. Combat (Paris), mercredi 3 juillet 1957. Un article de F. Millepierres au sujet de l’étude parue dans le Bulletin n° 10 des « Amis de Flaubert » sur L’Élève Flaubert (Gustave) au Collège Royal de Rouen.
5. — Dans La Liberté-Dimanche du dimanche 14 juillet 1957, M. Paul Leroy, critique dramatique et littéraire, veut bien, en un article particulièrement attachant, complimenter notre Société et son Bulletin. Nous l’en remercions vivement.
Le même numéro contient d’excellents échos sur la préparation du célèbre roman et proteste, à son tour, contre la parution du portrait de Mme Joseph Court pour expliquer Emma Bovary.
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Autour de Flaubert et de son œuvre p. 54
Une paisible Expédition en Égypte au siècle dernier
Sous ce titre, M. le docteur Galérant, qui, le 8 mai 1955 à l’Hôtel-Dieu de Rouen (Musée Flaubert), nous fit une brillante conférence sur Achille-Cléophas Flaubert, père de l’écrivain, a publié dans les Archives Médico-Chirurgicales de Normandie, janvier 1957, n° 264, un remarquable article sur le voyage de Gustave Flaubert et de Maxime du Camp, en Orient, de 1849 à 1851.
Madame Bovary jugée par un « Fantôme de Trouville »
Sous ce titre, M. Jean Bruneau a publié dans la « Revue de Littérature comparée », année 1957, page 277, le texte d’une lettre (dont l’original appartient à Me Ozanne, notaire honoraire à Rouen et exécuteur testamentaire de Mme Franklin-Grout), écrite par Gertrude Tennant, née Collier, à Gustave Flaubert, le 23 juin 1857.
Dans cette lettre, Gertrude Collier, dont l’amitié avec le jeune Flaubert, à Trouville, a été une des lueurs de jeunesse de l’écrivain, dit à l’auteur de Madame Bovary ce qu’elle pense du roman.
Ce n’est pas très flatteur !… « Je ne comprends pas comment vous ayez pu écrire tout cela ! — où il n’y a absolument rien de beau, ni de bon ! et le jour viendra pour sûr où vous verrez que j’ai raison… » écrit la charmante correspondante.
L’avenir, heureusement, n’a pas ratifié le jugement sévère de Gertrude Tennant-Collier.
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Bibliographie
BOURRIAU (Dr R.). — Le Radeau de la Méduse et Flaubert. Cahiers de l’Ouest, novembre 1956.
DUBOSC. — Gustave Flaubert au Collège de Rouen. Notre Vieux Lycée. (Anciens Élèves du Lycée Corneille), n° 94, Rouen.
LEMAY. — Il y a Cent Ans. Madame Bovary. Le Progrès Médical, 10 octobre 1956.
A.-F.-J. JACOBS. — Correspondance d’entre G. Flaubert et George Sand. Datation. Bulletin du Bibliophile, 1956, n° 6.
VALLERY-RADOT (Pierre). — Un écrivain surmené. Quatre ans (1873-1876) de la Vie de Gustave Flaubert. La Presse Médicale, 26 janvier 1957.
ALEGRE (Jacques). — L’Art de Gustave Flaubert. Technique, Art, Sciences, décembre 1956.
GUILLEMIN (Henri). — L’autre Flaubert. Journal de Genève, 5 janvier 1957.
IVACHTCHENKO (A.-F.). — I. Introduction à l’œuvre de Flaubert. II. La Méthode objective et le réalisme de Flaubert. Extraits de la préface du livre de Ivachtchenko sur Gustave Flaubert dans Études Soviétiques, mai 1956, et Recherches Soviétiques, cahier n° 6, novembre 1956.
L’Anneau d’Or, n° 74. — Mars-avril 1957. Le Centenaire de Madame Bovary, par Henri SIMON.
Le Figaro Littéraire. — Samedi 10 août 1957. Monsieur Homais serait plusieurs… par Maurice RAT.
Au Pays de Madame Bovary. — Par Géraud VENZAC. Éditions La Palatine, 1957.
Une Paisible Exposition en Égypte. — Voyage Flaubert et Maxime du Camp en Orient, dans Archives Médico-Chirurgicales de Normandie, n° 64, janvier 1957.
« Madame Bovary » jugée par un « Fantôme de Trouville ». — Lettre de Gertrude Tennant-Collier à Gustave Flaubert, présentée par M. Jean BRUNEAU dans Revue de Littérature comparée, 1957, p. 277.
André BILLY. — Figaro Littéraire, 24 août 1957. Gustave Flaubert au Collège Royal de Rouen.
(Voir aussi la nomenclature des articles ayant paru dans différents journaux et revues, notamment Revue de l’Histoire Littéraire de la France et Revue des Deux Mondes, 1957, indiquée dans la rubrique ci-dessus : En marge du Centenaire de Madame Bovary).