Les Amis de Flaubert – Année 1959 – Bulletin n° 15 – Page 63
Le moulage en plâtre du buste
de Achille-Cléophas Flaubert
Question de M. Gabriel Groley, de Troyes.
— Il existe au petit Musée de Nogent-sur-Seine un petit moulage en plâtre du buste de Achille-Cléophas Flaubert, père de Gustave. (photo jointe à la lettre).
Ne serait-ce pas le buste qui a été érigé par les soins d’une Commission dont il est question dans les lettres de Flaubert à Louise Colet ? Si oui, où ce buste a-t-il été érigé, à Rouen ou à Croisset ? Sur le plâtre on lit F. Pradier – 1841.
Ce ne serait donc pas James Pradier, dans l’atelier duquel Flaubert a rencontré Louise Colet ; les initiales ne correspondant pas. C’est pourtant Pradier qui a sculpté le buste de Rouen. On sait que le paiement tardait trop à son gré, ainsi qu’en font foi certaines lettres de Flaubert.
Réponse.
— Les prénoms de Pradier, le célèbre sculpteur, étaient Jean-Jacques dit James, mais officiellement le prénom est Jacques. Flaubert (Achille-Cléophas) père est décédé le 15 janvier 1846. Le buste dont s’agit, l’original, en marbre, qui correspond exactement à la maquette en plâtre du petit Musée de Nogent-sur-Seine, est le buste du Docteur A.-C. Flaubert, père de l’écrivain. II est à l’heure actuelle au Musée Flaubert de l’Hôtel-Dieu de Rouen, salle du premier étage.
On ne s’explique pas le remplacement du J de James ou Jacques par le F qui s’explique encore moins. Quant à la date sur la maquette (1841), elle ne s’explique guère, ceci d’autant moins qu’en 1848 (voir à ce sujet la Correspondance), Gustave envoie à Pradier (après s’être fait attendre) la somme de 2.500 francs qui semble représenter les honoraires du sculpteur. Tout porte à croire que la maquette de Nogent-sur-Seine et le buste en marbre de Rouen, qui sont une seule et même chose, ont été faits l’une et l’autre en 1847, et que la date 1841 sur la maquette doit se lire 1847 (7 déformé en 1 ?).
Terminons en signalant que, antérieurement à 1846 (donc avant le décès de Flaubert père), il a été fait par James Pradier un portrait de Achille-Cléophas Flaubert, sans qu’on sache si ce portrait a été ou non pour quelque chose dans le buste de 1847 (ou 1841). (Voir Hautecœur, Littérature et peinture en France du XVIIe au XXe siècle, page 94).
Quant à la statue, il est exact que fut créée à Rouen une Commission extra-municipale dès le décès de Flaubert père pour son érection. Les impatiences et les imprécations de Gustave Flaubert n’ont pas manqué à ce sujet, mais le projet d’érection d’une statue s’est-il, à l’époque, transformé en mise en place du buste à l’Hôtel-Dieu de Rouen ? Ce n’est pas impossible, quoique non prouvé, car on n’entendit plus jamais après 1847 parler de la statue.
Renseignements transmis par Mlle Gabrielle Leleu
et complétés par M. Jacques Toutain-Revel.