Les Amis de Flaubert – Année 1959 – Bulletin n° 15 – Page 62
« Il retomba tout en fureur et râlant comme un taureau blessé »
Question de M. Pierre Delahaye (Sion – Suisse).
Flaubert, dans son roman Salammbô et dans le chapitre intitulé : à Sicca, raconte les premières amours naissantes de Mâtho pour Salammbô après l’avoir vue sur les remparts de Carthage.
Il y a, à peu près au milieu du paragraphe où Mâtho dans sa tente évoque Salammbô, une phrase ainsi conçue : « Il retomba tout en fureur et râlant comme un taureau blessé » (notamment Ed. La Pléiade, p. 770).
Or, le mot : tout en fureur ne doit pas correspondre au mot figurant sur le manuscrit de Flaubert. Il semble qu’il faille lire : tout en sueur.
Antoine Albalat dans son ouvrage intitulé « Travail du style enseigné pour les corrections manuscrites des Grands Écrivains », édition 1947, page 94, signale une erreur des copistes et affirme qu’il faut lire : tout en sueur et non tout en fureur. Qu’en est-il exactement ?
Réponse. — Le manuscrit de Salammbô déposé à la Bibliothèque Nationale, et à la page 40, porte d’une écriture très lisible, sans rature :
— Il retomba tout en sueur.
Cette phrase est recopiée très lisiblement dans la copie manuscrite, calligraphiée en ronde et qui a servi pour l’impression, mais l’s du mot sueur a été rédigé avec de grandes boucles, ce qui créa la confusion.
En effet, l’édition originale porte le mot : « il retomba tout en fureur » et depuis lors, on a répété l’erreur dans toutes les éditions.
Renseignements aimablement transmis par
M. Jacques Suffel, attaché à la Bibliothèque Nationale.