Les Amis de Flaubert – Année 1960 – Bulletin n° 17 – Page 70
Madame Bovary à la Télévision, 1er avril 1960
Après avoir été mise au théâtre dramatique, au théâtre lyrique, deux ou trois fois au cinéma, plusieurs fois sur ondes et pas mal d’autres fois en « digests », Madame Bovary a eu les honneurs de la Télévision le 1er avril 1960.
Dès le 26 février, trois cars de la Télévision, dont l’un équipé d’un groupe électrogène, deux voitures et une douzaine de techniciens avaient pris leurs quartiers à Ry pour y préparer un métrage d’une durée de vingt minutes, en vue de l’émission du 1er avril 1960, animée par Pierre Cour et réalisée par Marcel Cravenne.
Un tel déploiement de force, à Ry, c’est, peut-on croire, pour Emma Bovary. Mais si c’est à elle que l’auteur de l’émission Pierre Laforet (un Normand de Bois-d’Ennebourg, non loin de Ry) a, bien sûr, pensé, il a voulu avant tout évoquer un petit village qui possède un mystère et dont le nom s’est trouvé lié au chef-d’œuvre de Gustave Flaubert.
Ceci naturellement sans aucune polémique.
C’est ainsi qu’au hasard des séquences, depuis la mairie jusqu’à la pharmacie où il ne manque que le nom de Homais, en passant par la maison du médecin, l’église et l’étude du notaire, on souleva peu à peu, sur les pas d’un fantôme, le voile qui recouvre le mystère.
Qui est cette femme qui a défrayé la chronique ? Est-ce là qu’elle pourrait avoir vécu ? Est-ce cette porte qu’elle a franchie ? Est-ce dans cette chambre, où son mari Charles s’endormait lourdement, qu’elle rêvait à Rodolphe ou à Léon ? Autant de questions posées au maire, au médecin, au pharmacien et à quelques habitants actuels de Ry, tous imprégnés du roman célèbre. Ces questions aboutirent à la découverte de la personnalité d’Emma Bovary, dont la silhouette sous les traits d’une jolie femme brune, vêtue à la mode Second Empire, apparut à un certain moment d’une façon fugitive sur le petit écran.
Telle fut, dans ses grandes lignes, cette émission qui s’est voulue aimable et souriante.