Les Amis de Flaubert – Année 1961 – Bulletin n° 18 – Page 54
L’éditeur P.-J. Hetzel et Madame Bovary
L’éditeur P.-J. Hetzel n’admirait aucunement Madame Bovary. C’était à l’époque (juin 1868) où le roman de Gustave Droz, Monsieur, Madame et Bébé se vendait bien. En partant pour Luchon, Droz avait emporté quelques livres, notamment le Monsieur de Camors qui venait de paraître. « En voilà un, écrivait-il à quelque temps de là, qui est en carton. C’est faux à en être agaçant. Et ces théories sociales et cette religion de l’homme et cet athéisme… quelle pommade ! Le moment serait bon pour un homme fort qui publierait un roman vrai, humain… Voyez donc comme Madame Bovary devient un beau livre, vraiment, à côté de ce Camors. Vous n’aimez pas Madame Bovary, mais vous avouez qu’il y a là une étude profonde, bien sincère. Le sujet est mal choisi si vous voulez, mais c’est la nature et tout ce qui vient de là touche, émeut… (1).
(1) Histoire d’un éditeur et de ses auteurs, par A. Parmenie et C. Bonnier de la Chapelle. Albin Michel, Éd., Paris, 1953.