Les Amis de Flaubert – Année 1963 – Bulletin n° 22 – Page 43
Pirouettes rimées !
Théophile Sylvestre n’aimait pas Flaubert et surtout l’école réaliste. Dans sa fougue partisane, il a cru bon de terminer son article, ce qui est un artifice de cette époque, par quelques vers, comme pour achever sa victime et la ridiculiser.
Ainsi, il écrit :
« Un des vices les plus étranges de l’auteur de Salammbô, c’est une enflure sans pareille… un éléphantiasis littéraire… quand l’auteur affecte le style lapidaire, il écrit à peu près ceci :
À la divine Juliette,
À l’œil carthaginois,
Si ravissante hier sous sa paille de riz,
Dans son schall de pourpre,
Avec sa robe d’ange,
Au château des fleurs.
Par ses inversions, il rappelle parfois la chanson de Jeannot :
Je fis une tache à ma veste de graisse,
De ma culotte à la cuisse de drap,
À mes beaux bas que mon père de laine
M’avait donnés, avant de mourir violets.
Le pauvre cher homme est mort d’une migraine,
Tenant une cuisse dans sa bouche de poulet ».
Cette outrance témoigne de l’esprit qu’avaient alors les critiques à l’égard de ceux qui ne satisfaisaient pas leurs vues. Flaubert, danssa correspondance, manifeste plus de retenue et d’intelligence.