Les Amis de Flaubert – Année 1963 – Bulletin n° 22 – Page 43
Éléphants ou tanks !
Dans son article sur le centenaire de Salammbô, paru dans Le Monde du 30 décembre 1962, René Dumesnil note : « Mais non ; c’est la substance même du livre, c’est ce que Louis Bertrand a bien vu : le mythe de l’Afrique que Flaubert y développe, c’est le mythe de l’Afrique, c’est là ce qu’il offre de permanent et de profondément humain », de plus fort que le temps et les bouleversements d’empires : l’âme d’un pays qui se survit indéfiniment dans les hommes qui l’habitent ».
Je me souviens de cette remarque que me fit l’Amiral Lacaze chez Paul Hazard, où nous parlions de Salammbô au moment où Montgommery talonnait Rommel en 1943 : « Je connais le pays, vous pouvez remplacer les éléphants par les tanks, les oueds et les gués demeurent à la même place ; le terrain ne change pas. Ça finira au défilé de la Hache, c’est-à-dire au cap Bon, et non ailleurs ». La prédiction était réalisée quelques mois plus tard ».