Les Amis de Flaubert – Année 1965 – Bulletin n° 26 – Page 44
Barbey d’Aurevilly inattendu
Dans sa correspondance particulière parisienne du 10 janvier 1863, le chroniqueur habituel du Nouvelliste de Rouen écrit : « Le Figaro publie un article signé Théophile Sylvestre et qui n’est autre chose qu’un réquisitoire contre Salammbô. Cet article n’a pas seulement pour auteur celui qui l’a signé. M. Barbey d’Aurevilly y a une très grande part. Il n’est pas difficile, d’ailleurs, de reconnaître dans ce travail le style incisif et verveux dont le nom a été crayonné sur tous les murs de Paris, affublé d’une épithète insultante. Je regrette, pour ma part, les duretés de l’article du Figaro. On peut ne pas admirer Salammbô, mais il faut y reconnaître au moins des efforts et un talent qui méritaient mieux que des duretés à faire supposer qu’un livre est une action pire qu’un crime ». Nous avons donné cette critique de Sylvestre dans le numéro consacré à Salammbô, comme la plus hostile. Le silence de Barbey nous avait surpris.