Les Amis de Flaubert – Année 1965 – Bulletin n° 26 – Page 44
Flaubert au microscope
Lu sous ce titre dans les Nouvelles Littéraires (11 février 1966) :
« En attendant L’idiot du village, l’essai que Sartre consacrera à l’auteur de Madame Bovary, les flaubertiens liront avec intérêt l’étude de Nathalie Sarraute sur leur grand homme, parue dans le dernier numéro (février 1965) de la revue Preuves. La romancière y manie la loupe et le scalpel avec une virtuosité que lui envieront bien des critiques. Ainsi, de longs (mais passionnants) paragraphes traitent de l’emploi du et et du alors dans Salammbô.
Chose plus curieuse, Nathalie Sarraute n’aime pas L’Éducation sentimentale, souvent considérée comme le chef-d’œuvre de Flaubert. Elle parle même à ce sujet d’ « échec » et de « partie perdue ». Mais elle porte une grande admiration au reste de l’œuvre et conclut avec enthousiasme : « Livres sur rien, presque sans sujet, débarrassés des personnages, des intrigues et de tous les vieux accessoires, réduits à un pur mouvement qui les rapproche d’un art abstrait, n’est-ce pas là tout ce vers quoi tend le roman moderne ? Et comment, après cela, douter que Flaubert est un précurseur ? »