Les Amis de Flaubert – Année 1972 – Bulletin n° 40, page 3
Cent-cinquantième anniversaire de la naissance
de Gustave Flaubert
Editorial
Comme nous l’avions souhaité, nous avons célébré discrètement le dimanche 12 décembre dernier, au jour exact et sous un ciel gris et froid, le cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Gustave Flaubert. Alors que chaque année, nous allons à quelques-uns déposer des fleurs sur sa tombe au Cimetière Monumental, nous avons cru devoir marquer différemment le passage du demi-siècle en nous réunissant dans sa chambre natale, devenue visitable et faisant partie du Musée de la Médecine, créé et entretenu avec vigilance par le Centre Hospitalier Rouennais.
Lors du centenaire en 1921, nos aînés n’avaient pu s’y réunir, car l’appartement de la famille de l’ancien chirurgien-chef était occupé par les internes de l’Hôtel-Dieu, sorte de réfectoire après avoir été longtemps le laboratoire du docteur Dévé qui y a fait des recherches importantes sur certaines maladies tropicales.
Nous étions plus nombreux que d’habitude : une cinquantaine, ce qui est bien, vu le temps et l’époque. Quelques-uns de nos membres étaient venus de Paris, certains par fidélité familiale, comme le petit-fils de Clogenson, qui fut l’un des amis et correspondants du romancier.
A cette cérémonie, sans souci protocolaire et dans le vieil esprit libéral de la ville, étaient venus :
M. Jean Lecanuet, maire de la ville et M. Rambert adjoint aux Beaux-Arts ; M. Anquetil, représentant la municipalité de Canteleu ; M. Paul Vauquelin, maire de Maromme, qui a vécu sa jeunesse à Croisset près de la maison de la famille Flaubert et qui se souvient de personnes ayant connu le romancier et son entourage.
Au cours de cette manifestation, M. Jean Hossard, pharmacien et conservateur du Musée de la Médecine, a donné lecture du texte de l’ouvrage de Louis Bertrand, concernant sa visite plutôt décevante à la chambre natale en 1921. Le président de la société a rappelé le rôle que Flaubert continue d’avoir dans la littérature contemporaine et l’attrait que les jeunes romanciers lui portent, en même temps que les fêtes organisées à Rouen en 1921 pour le centenaire. Finalement, le maire de la ville, agrégé de philosophie, improvisa en donnant son point de vue, sur les deux tomes de l’ouvrage philosophique plus que littéraire que M. Jean-Paul Sartre vient de lui consacrer et dont les mille cinq cents pages peuvent rebuter les lecteurs les plus convaincus ou les plus admiratifs.
Ainsi, d’une manière simple et sans faste, nous avons célébré cet anniversaire, nous reliant par la pensée à tous nos membres éloignés et à ceux qui avaient assisté au centenaire, dont quelques-uns, comme Pierre Pani et André Renaudin étaient présents le 12 décembre dernier.
Pour marquer le souvenir de cet anniversaire, notre société a fait éditer la photographie de son acte de naissance, que tous nos abonnés trouveront encartée dans ce bulletin. Dans huit ans, il appartiendra à notre société de marquer le centenaire de sa mort à Croisset. De toute manière, nous maintenons vivant son souvenir avec la publication de notre bulletin consacré à la critique littéraire de son œuvre et par les cérémonies annuelles du Cimetière Monumental et de Croisset, montrant ainsi que sa ville natale n’est pas ingrate à l’égard de l’un de ses plus illustres enfants.
André Dubuc