Les Amis de Flaubert – Année 1975 – Bulletin n° 47, page 4
L’Italie vue par Flaubert
à travers ses « Notes de voyage » et sa correspondance
Flaubert s’est rendu à deux reprises en Italie, comme en témoignent ses notes de voyage et sa correspondance : la première fois en 1845, il accompagne sa famille dans des circonstances que nous évoquerons plus loin, et il visite alors une partie de l’Italie du Nord ; la seconde fois en 1851, au retour de son voyage en Orient. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler quelle était la situation de l’Italie à ces deux moments de son histoire où Flaubert l’a parcourue — même partiellement — dans la mesure où — nous le verrons — il n’y fait pas lui-même précisément allusion.
En 1845, l’Italie est, selon l’expression fameuse de Metternich, une « expression géographique » en ce sens qu’elle est partagée en huit États indépendants : le Royaume de Piémont-Sardaigne, le Royaume Lombard-Vénitien, les Duchés de Parme, de Modène et de Lucques, ce dernier récemment incorporé au Grand-Duché de Toscane qui le jouxte au sud, les États de l’Église et le Royaume des Deux-Siciles. Ce sont les traités de Vienne de 1815 qui ont imposé ce découpage politique à l’Italie, et il convient de noter l’influence qu’y a acquise l’Autriche — dont le Royaume Lombard-Vénitien est une dépendance et qui gouverne, par parents interposés, dans les Duchés —. La réaction, consécutive à la chute de l’Empire français, a pesé lourdement sur l’ensemble de la péninsule, à l’exception peut-être de la Toscane qui connaît un régime assez proche de celui qui était le sien à la fin du XVIIIe siècle, à l’époque des « Lumières ». Partout, on s’efforce de « gommer » les apports de la Révolution française et de l’Empire et cela est facilité par le fait que le gouvernement de Napoléon avait fait subir à l’Italie, comme aux autres pays de l’Empire, le poids de sa politique de conquêtes ; mais l’aspect positif de l’occupation française et des guerres de l’Empire n’en était pas moins indéniable : les Italiens avaient appris à vivre ensemble et cela était vrai notamment pour ceux d’entre eux que la conscription avait frappés et qui s’étaient retrouvés dans les armées impériales ; c’est une des raisons pour lesquelles on devait rencontrer tant d’anciens militaires dans la Charbonnerie — cette société secrète qui visait à mettre bas par l’insurrection les régimes établis et maintenus dans le cadre de la Sainte-Alliance —. De fait, dès 1820-21, puis en 1930-31, des mouvements insurrectionnels ont éclaté en divers points de la péninsule et en Piémont mais ont été réprimés, écrasés et leurs instigateurs pourchassés. Après l’échec des révolutions de 1830, les élites déçues sont amenées à réfléchir sur les possibilités qui s’offrent à elles pour modifier la situation politique en Italie par d’autres moyens.
Ceci nous conduit à évoquer, très sommairement, la situation économique de la Péninsule. Sans citer de chiffres, disons que les différents États connaissent un développement très inégal. En outre, des barrières douanières rigoureuses s’élèvent entre chacun d’entre eux. Celui qui bénéficie du régime le plus libéral — et à tous points de vue du reste — et qui connaît un réel essor est la Toscane : le grand-duc Léopold s’attache à développer l’agriculture et l’industrie et à promouvoir les échanges commerciaux en faisant aménager le port de Livourne. L’industrie textile occupe une place non négligeable en Lombardie-Vénétie dont l’Autriche tire des profits importants. Au sud, le royaume des Deux-Siciles voit des banquiers étrangers — allemands, anglais — faire quelques timides investissements qui peuvent être à l’origine d’une industrialisation que le régime politique — extrêmement répressif — ne favorise guère pourtant : il ne faut pas oublier néanmoins que Naples est la troisième ville d’Europe pour sa population après Londres et Paris : iI y a là des potentialités qui mériteraient d’être utilisées. Quant au Piémont-Sardaigne, en dehors de quelques îlots de prospérité agricole et quelques unités industrielles (textiles), il connaît un retard économique indubitable. Mais ce sont les États de l’Église qui révèlent le plus grand archaïsme : agriculture arriérée et lacunaire — qu’on songe au désert qu’est la Campagne romaine et à l’insalubrité des Marais-Pontins —, absence totale d’industrie. Pour mesurer le niveau de l’économie italienne, il n’est que d’évoquer les chemins de fer qui se développent partout ailleurs en Europe à cette époque ; les premières lignes construites joignent les capitales aux résidences royales : Turin à Moncalieri, Milan à Monza, Naples à Portici, puis se poursuivent avec une rapidité inégale : assez vite en Toscane et en Lombardie-Vénétie, plus lentement dans le Royaume de Naples (le roi Ferdinand voit pourtant là la possibilité de mobiliser rapidement son armée) et en Piémont ; pas de chemins de fer dans les États pontificaux : Grégoire XVI les soupçonnant de transporter plus d’idées subversives que de marchandises.
Incontestablement, l’Italie connaît un retard économique certain comparée aux autres grands pays de l’Europe occidentale tels que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. Néanmoins, pour timides qu’ils soient, les débuts d’industrialisation ont donné naissance à une bourgeoisie qui réfléchit sur les moyens de développer l’économie italienne en la modernisant et par-là d’accroître ses profits comme le font les bourgeoisies anglaise ou française. Renonçant aux insurrections violentes qui ont fait long feu, les éléments éclairés de la société italienne considèrent que le cloisonnement de la péninsule en plusieurs États est le premier obstacle au développement économique. L’idée selon laquelle l’unification de l’ItaIie est l’objectif premier à atteindre se fait jour dès après la révolution de 1831 ; trois courants apparaissent alors : autour de Mazzini, les républicains démocrates qui se recrutent au sein de la bourgeoisie libérale et qui considèrent que la régénération de l’Italie ne peut venir que d’elle-même et que c’est l’action des masses populaires qui permettra de construire, au besoin par l’insurrection armée (à laquelle ils n’ont pas, eux, renoncé), un État unitaire et démocratique ; mais les mazziniens négligent le fait que la situation économique, sociale et culturelle des masses populaires rend impossible en son état actuel l’application de leur programme : l’échec des révolutions de 1820-21 et de 1830-31 l’a pourtant montré. Pour l’abbé Gioberti, la régénération de l’Italie ne peut venir que du Pape régnant sur une confédération d’États italiens. Pour Cesare Balbo ou le marquis d’Azeglio, c’est autour de la maison de Savoie que l’unité italienne pourra se faire, quitte à n’envisager dans un premier temps qu’un royaume de l’Italie du Nord qui ne porterait pas atteinte aux prérogatives de l’Église et du Royaume de Naples. Tels sont les grands thèmes qui animent les discussions passionnées des éléments-moteur de la bourgeoisie, des tenants du Risorgimento, c’est-à-dire du réveil, de la renaissance, de la résurrection de l’Italie. Un certain nombre d’entre eux envisagent des mesures préalables concrètes, favorables à l’essor économique : développement des chemins de fer (Cavour en fait la démonstration), abaissement des barrières douanières. Telle est l’Italie lorsque Flaubert s’y rend en 1845 à la veille des grands bouleversements qu’elle va connaître au cours des cinq années qui vont suivre et qu’un observateur attentif pourrait deviner : ce n’est pas le cas de Flaubert.
En 1845, Flaubert a vingt-quatre ans ; il vient d’achever la Première éducation sentimentale. Sa sœur Caroline, le 3 mars, épouse Émile Hamard, et la famille — assez curieusement pour nous — accompagne les jeunes époux dans leur voyage de noces prévu en Italie. Mais ce voyage familial exaspère Gustave et c’est peut-être ce qui explique la banalité des notes qu’il jette sur le papier. On sait l’esprit d’indépendance du jeune homme que reflètent assez bien ces propos adressés à son ami Le Poittevin : « Par tout ce que tu as de plus sacré, par le Vrai et par le Grand, cher et tendre Alfred, ne voyage avec personne ! avec personne !… » et il ajoute : « voilà deux fois que je vois la Méditerranée en épicier. La troisième sera-t-elle meilleure ? » (1). À coup sûr, il souhaite visiter l’Italie mais son plaisir sera gâché par la présence à ses côtés de sa famille : « Mon père a hésité à aller jusqu’à Naples, écrit-il à Le Poittevin quelques jours plus tard. J’ai cru donc que j’irais, mais Dieu merci nous n’y allons pas…, dans trois semaines, un mois au plus tard, nous sommes de retour à Rouen… ». Et il note plus loin : « Le voyage que j’ai fait jusqu’ici, excellent sous le rapport matériel, a été trop brute sous le rapport poétique pour désirer le prolonger plus loin. J’aurais eu à Naples une sensation trop exquise pour que la pensée de la voir gâter de mille façons ne fût pas épouvantable ». Et il dit son désir de connaître « cette vieille antiquité jusqu’à la moelle », mais il veut y aller « seul, ou avec toi. pas avec d’autres… » (2)
Toute la famille avait donc gagné l’Italie : Nice d’abord, la Corniche et Menton ; ici : « L’Italie commence, on le sent dans l’air. Petites rues à hautes maisons blanches, étroites ; à peine si la voiture y peut passer. Avant d’arriver et en sortant, la grande route est plantée de lauriers-roses, cactus, palmiers. — Essaim de mendiants. — Enfants. — Promenade que j’ai faite au bord de la mer, sur le grand chemin. — Oliviers et montagnes à gauche. » (3). Telles sont les notes de Flaubert concernant Menton ; il consacre ensuite un long paragraphe… au cimetière ! De là, on gagne Vintimille par la Corniche. « Sur le chemin, deux teintes : les rochers blancs, presque à pic, et la mer toute bleue qui brille au soleil. De temps à autre, on passe un torrent à gué, puis on remonte au flanc de la montagne dont on suit toutes les courbes… Quand on passe dans les villes, des enfants vous suivent et font la roue, mendiant. Cris, joie italienne qui, comme un galon d’or, scintille à travers cette misère ; on se sent à l’aise, on respire bien ; puis la ville une fois passée, tout redevient calme. Enfants et femmes pieds nus ; énormes fardeaux qu’elles portent sur la tête, leur démarche des hanches » (4). Voilà donc le premier contact de Flaubert avec l’Italie ; les images qu’il a retenues sont proprement celles d’un peintre. On fait étape à Oneglia, sur la côte : « Vivre à Oneglia et passer ses heures à dormir sur le galet ! n’y avoir rien qu’un cigare et ne contempler que le bleu de la mer, le blanc des vagues et les spirales bleues du tabac ! » (5). À Savone, où l’on, s’arrêtera à nouveau, la voiture est arrêtée par une procession ; Flaubert jette quelques notes sur le papier : « des guirlandes de fleurs, suspendues sur des perches, allant d’un bout de la rue à l’autre ; chantres, musiciens, des violons, une basse portée par des hommes ; jésuites ; air établi du clergé ; tête chevrotante d’un vieux » (6). Des églises, il ne retient que le fait qu’elles sont « italiennes, dorées » et remarque les « madones au coin des rues, enchâssées au milieu des cierges et des fleurs ».
Et l’on arrive à Gênes. « Bientôt, la rade apparaît et l’on voit la belle cité assise au pied de sa montagne. Le phare de la Lanterne, comme un minaret, donne à l’ensemble quelque chose d’oriental, et l’on pense à Constantinople ». Ce sont ensuite quelques notations brèves, dans un style télégraphique : « Grande place. — Rue qui descend. — Palais. — Galeries couvertes de l’ancien port. — Nouvelle enceinte avec promenade dessus ». Point d’autres impressions si ce n’est celle-ci : « On est poli dans toutes ces villes (Gênes et Milan), on y sent d’anciennes mœurs civilisées qui, comme une étoffe usée, s’en vont en haillons quoique encore soyeuses », ou celle-là : « À Gênes, j’aimais à aller dans les églises. — Église que je croyais être celle de Carignan où j’ai entendu les vêpres ; il n’y avait guère que les femmes avec leurs longs voiles blancs », allusion au mezzaro dont se coiffaient alors les Génoises. Le reste de ses notes, concernant Gênes, est consacré à la description des palais et de quelques tableaux qui ont retenu son attention. La plus belle journée de son voyage, remarque-t-il plus loin, a été celle où il a pu faire — aux environs de la capitale ligure — une « promenade à cheval, sur les hauteurs, par le soleil… » (7). Ce qu’il pense de Gênes, c’est donc ailleurs qu’il faut le chercher : dans sa correspondance. Elle lui apparaît comme « une vraie belle ville ». « On marche sur le marbre, tout est en marbre : escaliers, balcons, palais. Ses palais se touchent les uns aux autres ; en passant dans la rue on voit ces grands plafonds patriciens tout peints et dorés. Je vais beaucoup dans les églises, j’entends chanter et jouer de l’orgue, je regarde les moines, je contemple les chasubles, les autels, les statues (…), j’ouvre les yeux sur tout, naïvement et simplement… » (8). Et, évoquant Don Juan, il note que « c’est ici qu’il faut venir y rêver ; on aimera à se le figurer quand on se promène dans ces églises italiennes, à l’ombre des marbres, sous la lumière du jour rose qui passe à travers les rideaux rouges, en regardant les cous bruns des femmes agenouillées ; pour coiffure, elles ont toutes de grands voiles blancs et de longs pendants d’oreille en or ou en argent. Il doit être doux d’aimer là, le soir, caché derrière les confessionnaux, à l’heure où l’on allume les lampes. Mais, conclut-il, tout cela n’est pas pour nous, nous sommes faits pour le sentir, pour le dire et non pour l’avoir. » (9). Si les notations sur Gênes sont relativement brèves, nul doute pourtant que la ville lui ait laissé une assez profonde impression : « Comme j’étais triste, note-t-il dans son carnet, en quittant Gênes, après les montagnes qui la dominent surtout, et pendant deux jours dans tout ce sot pays de la Lombardie ! » (10). Et à Alfred Le Poittevin, il écrit : « J’en ai été si triste pendant trois jours que j’ai cru plusieurs fois que j’en crèverais ; cela est littéral. Quelqu’effort que je fisse, je ne pouvais desserrer les dents » (11).
De Gênes, le docteur Flaubert, Madame et Gustave gagnent la Lombardie ; Caroline et son époux se sont, eux, embarqués pour Naples. Mais la famille passe auparavant par Turin non sans avoir traversé les champs de bataille de Marengo, de Novi et de Verceil, bien propres à susciter chez les voyageurs français des sentiments de fierté ou d’orgueil, « mais, écrit Flaubert à Le Poittevin, j’étais dans une si pitoyable disposition que tout cela ne m’a pas ému. Je pensais toujours à ces plafonds des palais de Gênes (sous lesquels on aimerait avec tant d’orgueil)… » (12). Que pense-t-il de Turin ? « Ville belle, alignée, droite, ennuyeuse, stupide ; sans contredit, dans l’esprit des Sardes, la plus magnifique chose de la Sardaigne, aussi ce brave Charles-Albert y habite-t-il. Les places sont grandes et les maisons toutes pareilles. Je préférerais habiter Rouen. Loger à Turin quand on possède Gênes ! Il y a la différence d’une jeune fille bien propre, bien corsée, bien plate et bien nulle, la petite bouche en cœur et de petits yeux en amandes, des bottines à la place de pieds et des jupes à la place de corps, à quelque royale courtisane des temps passés, l’épaule nue, la chevelure abondante relevée par un cordon d’or, accoudée sur le marbre et chaussée de riches sandales ». À Turin, remarque-t-il ailleurs, on veut imiter Paris. « La singerie de Paris est partout, en voyage, quelque chose qui fait lever les épaules de pitié » (13). Milan n’a guère plus de grâce à ses yeux. Il se rend à la Bibliothèque Ambrosienne : « Elle est froide et humide, on y sent le vide et que tous les livres rangés ne transpirent pas sur les vivants. Il y avait peu de monde à travailler, cinq ou six tout au plus, parmi lesquels deux enfants » (14). Selon lui, « Milan est la transition entre l’Italie et l’Autriche. — Luxe et beauté des équipages roulant sur les dalles unies des rues. On ne rencontre pas de sales voitures, mais le barbare se trahit par le domestique ; ce n’est plus l’élégance parisienne ». Mais Milan, c’est aussi le théâtre de la Scala qu’il visite : « … grande salle, grande scène, surtout la toile levée. J’ai marché sur la scène en regardant les trappes et en pensant vaguement à toutes les pièces et à tous les ballets ; je suis entré dans deux loges, et j’ai songé à tout ce qui pouvait s’y dire… » (15).
Et voici les Flaubert, après une excursion à Monza, où Gustave a vu « la fameuse couronne de fer que Charlemagne et Napoléon se sont mise sur la tête », sur le chemin du retour. L’écrivain décrit les bords du lac de Côme et d’abord le port « (qui n’est pas un port, et c’est là ce qui le rend charmant), de petites nacelles avec leurs arceaux de bois pour soutenir la tente, comme on en voit dans les keepsakes ; voilà qui est italien, qui est débraillé et coloré, je ne sais si les gondoles de Venise sont plus belles. J’aime mieux la vue de ces bateaux-là que celle du plus beau vaisseau de ligne du monde. L’ensemble du lac est doux, amoureux, italien. Premiers plans escarpés, teintes chaudes des maisons ; horizon neigeux et tout bordé d’habitations exquises faites pour l’étude et pour l’amour » ; et plus loin il ajoute : « On voudrait vivre ici et y mourir. Spectacle fait à souhait pour le plaisir des yeux : de grands arbres, poussés dans les précipices, vous viennent jusque sous la main ; un horizon bordé de neiges avec des premiers plans charmants et vigoureux ; paysage shakespearien, tous les sentiments de la nature s’y trouvent réunis, et le grand prédomine » (16).
C’est à Brigues enfin qu’il jette ses dernières impressions italiennes sur le papier ; elles concernent le Lac Majeur. « Ce n’est plus si italien, si chaud. Quand le lac est agité, on dirait une mer, mais une mer enfermée, l’infini ne vous y prend pas. Plus on le contemple du reste et plus il s’agrandit ». Isola Madré l’a séduit : « paradis terrestre ; arbres à feuilles d’or que le soleil dorait… C’est le lieu du golfe le plus voluptueux que j’ai vu, la nature vous y charme de mille séductions étranges, et l’on se sent dans un état tout sensuel et tout exquis ». Contraste avec Isola Bella dont « le palais est grand, immense… Mais rien n’y sue le luxe ni l’aristocratie ; pas un escalier de marbre, ni un vrai beau tableau » (17) Et il évoque à nouveau Gênes que, dans une lettre datée de Milan, il invitait Ernest Chevalier à parcourir : « Quand on a visité ses palais, écrivait-il, on a une telle pitié du luxe moderne, qu’on est tenté de loger à l’écurie et de sortir en blouse » (18). Il note donc dans son carnet de voyage, à propos du palais d’Isola Bella : « J’aime mieux un seul des palais de Gênes. J’aime peut-être trop Gênes ? mais non ! ce n’est pas la perspective du lointain, car je l’ai goûtée quand j’y étais » (19). C’est donc bien Gênes qui a fait sur Flaubert la plus forte impression lors de ce bref séjour en Italie qu’il quitte fin mai (il est à Brigues le 22).
Six années plus tard, il est à nouveau en Italie, au terme de son voyage en Orient accompli en compagnie de Maxime du Camp ; six années au cours desquelles l’Italie a connu des événements considérables qu’il ne convient pas de raconter ici mais dont nous ne trouvons pas l’évocation sous la plume de Flaubert, ce qui ne laissera pas d’étonner. Ces événements ne sont pourtant pas négligeables. Rappelons l’élection, en 1846, de Pie IX, le nouveau pape, contre le gré de l’Autriche et porteur des espoirs des libéraux, qui adopta un certain nombre de mesures réformatrices aboutissant à l’abandon de son pouvoir absolu, ce à quoi étaient également contraints Charles-Albert en Piémont et Ferdinand Il à Naples : l’Italie avait donné le branle aux révolutions de 1848 et le mouvement s’amplifia à l’annonce de la Révolution de février : les Autrichiens devaient évacuer Milan, des gouvernements insurrectionnels s’installaient dans les Duchés et Charles-Albert intervenait aux côtés des Lombards, proclamant que l’Italie se ferait seule ; mais la première guerre d’indépendance échouait à Custozza et la seconde à Novare provoquant la chute de Charles-Albert et le triomphe de l’Autriche, tandis que paradoxalement la révolution s’étendait à l’ensemble de la péninsule ; Pie IX s’enfuyait à Gaëte, la République était proclamée à Rome où elle fut écrasée par un corps expéditionnaire envoyé par le prince-président Louis Bonaparte, à la demande des catholiques français (1849) ; de retour à Rome en 1850, Pie IX se figeait dans une attitude conservatrice, voire réactionnaire, qu’il ne devait plus quitter. Dès lors, la réaction s’étendit à toute l’Italie, de Naples à Milan, de Rome à Venise, à l’exception du Piémont où Victor-Emmanuel II maintenait le Statut constitutionnel octroyé par son père. Aucune allusion chez Flaubert à l’un quelconque de ces faits ; qu’y trouvons-nous donc ? C’est ce qu’il nous faut examiner.
Flaubert aborde la péninsule italienne par le sud-est en février 1851. Il y restera jusqu’en juin de la même année. C’est probablement le 10 février que, venant de Corfou, il arrive à Brindisi. À partir de ce moment, la quasi-totalité des notes de voyage de Flaubert est consacrée à la description des objets d’art (tabeaux, peintures murales, bronzes, sculptures) qu’il a pu contempler dans les musées, galeries, églises au cours de ce second séjour italien ; les remarques concernant l’Italie vivante, celle qu’il a sous les yeux, sont fugitives et sommaires. Ainsi, à la date du 13 février (il est à Foggia), il note : « Pauvre Italie ! les régénérateurs du passé ne te feront pas revivre ; le parti libéral souhaite le protestantisme, c’est selon moi un anachronisme inepte » (20). Il ne précise pas davantage sa pensée et passe à autre chose. Peu de remarques intéressantes sur Naples où il arrive le 21 février, non plus que sur Rome, Pérouse, Florence qu’il visite par la suite. Il nous faut donc recourir à nouveau à la correspondance pour recueillir quelques impressions personnelles.
De la capitale du Royaume des Deux-Siciles, il écrit à sa mère le 27 février : « Naples est vraiment un séjour délicieux, quoique jusqu’à présent nous n’ayons guère joui de ses beautés… Tout notre temps est employé au Musée des Antiques qui est superbe… » il rapporte ici sa première impression napolitaine, celle qui l’a frappé à son arrivée : « … il pleuvait, les citadines roulaient sur le pavé, il m’a semblé rentrer à Paris. C’était sale et laid… », et plus loin il note : « Pas de costume national à Naples, peu de lazzarone insouciant et se chauffant au soleil en chantant les vers du Tasse. Ils ont des culottes comme les bourgeois. Beaucoup de voitures, beaucoup de bruit, l’air d’une capitale, un petit Paris méridional, voilà Naples ». Et il conclut : « Je conçois que ce soit le voyage de prédilection des jeunes mariés. La Chiaia est une promenade unique » (21). Le 9 mars, il décrit l’ambiance de cette promenade célèbre : « Les femmes sortent nu-tête en voiture, avec des fleurs dans les cheveux et elles ont toutes l’air très garces. Il n’y a pas que l’air. À la Chiaia, les marchandes de violettes vous mettaient presque de force leurs bouquets à la boutonnière. Il faut les rudoyer pour qu’elles vous laissent tranquille. Du reste, belle abondance de monacaille et de curés ; un carillon de cloches aux quatre cents églises de la ville et des mendiants à tous les pavés ». C’est l’occasion pour lui que la visite des musées passionne, de stigmatiser au passage les touristes : « J’étudie tous ceux qui viennent au musée. Sur cinq cents, il n’y en a pas un que cela amuse, certainement. Ils y viennent parce que les autres y viennent. Le lorgnon sur l’œil, on fait le tour des galeries au petit trot ; après quoi, on ferme le catalogue et tout est dit » (22). Ce qui n’est pas mal vu du tout. Mais l’image que Flaubert donne de Naples à son ami Louis Bouilhet est un peu plus crue : « Naples, écrit-il, est charmant par la quantité de femmes qu’il y a. Tout un quartier est garni de putains qui se tiennent sur leur porte ; c’est antique et vrai Suburre. Lorsqu’on passe dans la rue, elles retroussent leurs robes jusqu’aux aisselles et vous montrent leur c.. pour avoir deux ou trois sols. Elles vous poursuivent dans cette posture. C’est encore ce que j’ai vu de plus raide comme prostitution et cynisme ». Et de conclure : « C’est à Naples qu’il faut aller pour se retremper de jeunesse, pour aimer la vie. Le soleil même en est amoureux. Tout est gai et facile. Les chevaux portent des bouquets de plumes de paon aux oreilles. La Chiaia est une grande promenade de chênes verts au bord de la mer, arbres en berceau et le murmure des flots derrière » (23). Telle est la Naples qui est apparue à l’auteur de L’Éducation sentimentale et qu’il a appréciée à coup sûr puisqu’il écrit à sa mère : « C’est bien beau Naples, pauvre mère, et j’ai bien envie, étant à Rome, si tu vas bien, de te le faire voir » (24). Sa mère, en effet, doit le rejoindre dans la Ville éternelle, mais ce projet d’une excursion à Naples ne se réalisera pas. Vision superficielle donc, sans doute, et pourtant on devine parfois, au détour d’une phrase, que la réalité ne lui a pas totalement échappé ; ainsi lorsqu’il évoque l’enterrement du prince de Salerne, oncle du roi de Naples, auquel il a assisté : « Il y avait beaucoup de troupes et de prêtres, mais pas un seul membre de sa famille, ils ont trop peur du peuple pour se montrer ; c’était sec comme grès » (25) ; et ailleurs : « Le carnaval est assez triste à Naples, et pour cause : il y a plus de trente-cinq mille prisonniers politiques » (26).
Les impressions romaines de Flaubert, à travers sa correspondance, ne manquent pas d’intérêt. Dès son arrivée, il écrit à sa mère : « J’ai vu aujourd’hui Saint-Pierre qui ne m’a, contrairement à l’opinion générale, nullement enthousiasmé ; on dit qu’il faut s’y faire. C’est possible » (27). Et, à la veille de son départ, cinq semaines plus tard, il confirme ce sentiment dans une lettre à Louis Bouilhet : « J’en suis fâché, mais Saint-Pierre m’ennuie. Cela me semble un art dénué de but. C’est glacial d’ennui et de pompe. Quelque gigantesque que soit ce monument, il semble petit. Le vrai antique que j’ai vu fait du tort au faux. On a bâti pour le catholicisme, quand il commençait à crever, et rien n’est moins amusant qu’un tombeau neuf. J’aime mieux le grec, j’aime mieux le gothique, j’aime mieux la petite mosquée, avec son minaret lancé dans l’air comme un grand cri » (28). Il est ému toutefois par le Vatican « où il y a vraiment de petites choses assez coquettes » (29). « Quand on se promène dans le Vatican, on se sent en revanche pénétré de respect pour les papes. Quels messieurs ! Comme ils se sont arrangés leur maison ! Il y en a qui étaient vraiment des gens de goût » (30). Ce qu’il y a vu de plus beau c’est, sans conteste, la Chapelle Sixtine. Il se dit « épouvanté » par le Jugement dernier de Michel-Ange. « C’est du Goethe, du Dante et du Shakespeare fondus dans un art unique ; ça n’a pas de nom et le mot sublime même me paraît mesquin car il me semble qu’il comporte en soi quelque chose d’aigre et de trop simple » (31). Dans une autre lettre, il reprend cette évocation dans des termes comparables : « C’est un art immense, à la Goethe, avec plus de passion. Il me semble que Michel-Ange est quelque chose d’inouï, comme serait un Homère shakespearien, un mélange d’antique et de moyen âge, je ne sais quoi » (32).
Comme nombre de voyageurs, il est surpris par la coexistence, le voisinage, à Rome, des vestiges de l’antiquité et des monuments chrétiens édifiés postérieurement ; cette superposition le gêne. Pour lui, à coup sûr, Rome est l’ancienne capitale de l’Empire romain plus que la métropole actuelle du monde chrétien ; cela apparaît clairement lorsqu’il parle du Colisée : « Le Colisée par exemple, écrit-il à sa mère, m’a semblé quelque chose de crâne, quoique ce soit violemment sali par des autels, des croix, etc. ; les martyrs se sont bien vengés. Ils ont rendu leur supplice à la Rome antique qui disparaît sous la monacaille de l’église, aussi l’impression que j’ai éprouvée aujourd’hui est-elle celle de l’embêtement » (33). Et à Louis Bouilhet : « Ce qu’ils ont fait au Colisée, les misérables ! ils ont mis une croix au milieu du cirque et tout autour de l’arène douze chapelles ! » (34). Il est frappé en revanche par « la quantité de chefs-d’œuvre qu’il y a à Rome (qui) est quelque chose d’effrayant et d’écrasant. On s’y sent plus petit encore que dans le désert… Il faut prendre Rome comme un vaste musée et ne pas lui demander autre chose que du XVIe siècle » (35) ; ce qu’il confirme dans la lettre qu’il écrit à Louis Bouilhet : « …comme tableaux, comme statues, comme seizième siècle, Rome est le plus splendide musée qu’il y ait au monde. La quantité de chefs-d’œuvre qu’il y a dans cette ville, c’est étourdissant ! C’est bien la ville des artistes. On peut y passer l’existence dans une atmosphère complètement idéale, en dehors du monde, au-dessus » (36). Il doit avouer que ce n’était pas là ce qu’il s’attendait à trouver, ce qui explique que sa première impression, ait été défavorable : « J’ai eu, comme un bourgeois, une désillusion. Je cherchais la Rome de Néron et je n’ai trouvé que celle de Sixte-Quint. L’air prêtre emmiasme d’ennui la ville des Césars. La robe du jésuite a tout recouvert d’une teinte morne et séminariste. J’avais beau me fouetter et chercher ; toujours des églises, des églises et des couvents, de longues rues ni assez peuplées ni assez vides, avec des grands murs unis qui les bordent et le christianisme tellement nombreux et envahissant que l’antique qui subsiste au milieu est écrasé, noyé » (37). Cette impression ne l’a pas abandonné alors qu’il va quitter Rome : « Comme ils ont gâté Rome ! Je comprends bien la haine que Gibbon (38) s’est sentie pour le christianisme en voyant dans le Colisée une procession de moines ! Il faudrait du temps pour bien se reconstruire dans la tête la Rome antique, encrassée de l’encens de toutes les églises. Il y a des quartiers pourtant, ajoute Flaubert, sur les bords du Tibre, de vieux coins pleins de fumier, où I’on respire un peu. Mais les belles rues ! Monsieur ! Mais les étrangers ! Mais la semaine sainte et la via Condotti avec tous ses chapelets, tous ses faux camées, tous ses Saint-Pierre en mosaïque ! Il y a pour les touristes des magasins pleins de pierres du Forum arrangées en presse-papier pour mettre sur les bureaux. On a fait des porte-plume avec les marbres des temples. Tout cela agace bougrement les nerfs ». Lui est-il donc impossible de vivre à Rome ? Nullement, car aux côtés de la Rome chrétienne se trouve la Rome des arts, celle du XVIe siècle notamment, pour laquelle Flaubert éprouve une prédilection, particulière. « Oui, on y vivrait bien, à Rome, mais dans quelque rue du peuple. À force de solitude et de contemplation, on monterait haut comme mélancolie historique ». Et puis, il y a la campagne romaine. « La campagne est magnifique, déserte et désolée, avec de grands aqueducs. Là on est bien » (39). Un mois plus tôt déjà, il l’avait noté : « L’antique subsiste dans la campagne, inculte vide, maudite comme le désert, avec ses grands morceaux d’aqueducs et ses troupeaux de bœufs à large envergure. Ça, c’est vraiment beau et du beau antique rêvé » (40). Mélange d’antiquités et de monuments chrétiens, ville-musée, ville des artistes aussi, telle est apparue Rome à Flaubert ; ce cas n’est pas isolé, les voyageurs français à Rome pouvant être rangés, sommairement en deux catégories : ceux pour qui Rome est avant tout la capitale de la chrétienté, le siège du successeur du Prince des Apôtres, et à ce titre lieu de pèlerinage privilégié, pèlerinage dont font l’objet (et dont portent la trace), outre la Basilique Saint-Pierre, les principales églises de la ville, mais aussi les lieux marqués par des épisodes célèbres de l’histoire des premiers temps de l’Église chrétienne ; d’autre part, ceux pour qui Rome est le symbole de l’Antiquité, conservatoire prestigieux des vestiges de la capitale de l’Empire romain, autrefois reine du monde, et que la présence d’édifices postérieurement construits exaspèrent d’autant plus que leur admiration de l’Antiquité s’accompagne le plus souvent d’un anticléricalisme prononcé : Flaubert appartient à cette dernière catégorie.
Il est une dernière ville qu’évoque brièvement sa correspondance, c’est Venise. Le 9 avril 1851, il écrivait à Louis Bouilhet : « Je compte être à Venise vers le commencement de juin et m’en fais une fête. Je m’y donnerai une bosse de peinture vénitienne dont je suis amoureux… » (41). En fait il quitta Rome début mai et à la fin du même mois il abandonnait l’ancienne cité des Doges après un séjour de quatre jours et demi. « Pauvre Venise ! écrit-il à Maxime du Camp qui l’a précédé à Paris. J’ai le cœur navré. Ce diable de pays m’a bouleversé. Je n’en ai pas dormi la première nuit… Je suis exaspéré. Donne à ce mot-là tous les sens et toute l’étendue possible dans tous les sens. Les quelques heures que j’ai passées là ont été en gondoles, en Titien et en Véronèse… Comme on vivrait bien à Venise ! Ah ! oui, en ai-je laissé partout de mon cœur. Mais ici j’en laisserai un grand morceau » (42) ; toutefois il ne s’explique pas davantage sur la brièveté de son séjour vénitien.
Nous l’avons vu : ce n’est pas dans les carnets de voyage qu’il faut chercher les impressions de Flaubert sur l’Italie ; alors que ceux-ci se révèlent d’une grande richesse lors de son voyage en Orient, ils ne nous disent rien — ou si peu de choses ! — de l’image qu’il a conservée de l’Italie ; en revanche nous trouvons là des descriptions minutieuses des œuvres d’art qui ont retenu son attention. Cela nous semble significatif de l’attitude qui est celle de Flaubert devant l’Italie puisque ce n’est que dans sa correspondance que nous avons pu glaner quelque notations éparses et, somme toute, assez banales ; et alors force nous est de constater que, comme la plupart des voyageurs français de cette époque, il est plus sensible aux vestiges de l’Antiquité qu’à l’Italie vivante, l’Italie de son temps ; pour lui, l’Italie est un musée — et il n’en manque aucun —, un conservatoire antique où l’on va retrouver les souvenirs d’une histoire prestigieuse, celle de l’Empire romain qui occupe alors, notons-le au passage, une place infiniment plus grande dans l’enseignement dispensé aux adolescents que celle qui lui est accordée aujourd’hui : en poursuivant les souvenirs de l’Antiquité romaine, c’est, d’une certaine manière, à la recherche de leur jeunesse que partent les voyageurs français en Italie, et Flaubert n’y échappe pas. En revanche, de l’Italie contemporaine, il ne dit à peu près rien. Tout au plus est-il sensible à quelques paysages. Aucun écho, durant son second voyage, qui a duré cinq mois sur le sol de l’Italie, des bouleversements que ce pays a connus au cours des précédentes années : rien sur les guerres et les révolutions qui ont ébranlé des trônes, de la réaction, qui s’est abattue dès 1849 tant en Lombardie et en Vénétie qu’en Toscane, dans les États-Romains et dans le Royaume des Deux-Siciles, tous États qu’il a pourtant longuement parcourus. On ne saurait toutefois conclure que cela ne l’a pas intéressé du tout (n’évoque-t-il pas, incidemment, les prisonniers politiques à Naples ?) ; disons que l’Italie vivante n’est pas au premier plan de ses préoccupations concernant ce pays, non plus qu’à celui de l’intérêt de ses correspondants. L’Italie, berceau de la civilisation, mère des arts, c’est là l’image qu’a retenue Flaubert voyageur ; c’est celle que l’on retrouve chez la plupart des voyageurs français de ce temps ; c’est sans aucun doute celle que donne l’enseignement reçu par eux dans les collèges et lycées français d’alors ; bien habile qui saurait s’en déprendre. Mais ne leur jetons pas la pierre : cette image n’est-elle pas encore vivace de nos jours ?
Philippe Gut,
Université de Paris I Panthéon-Sorbonne.
Secrétaire général de la Société de l’Histoire moderne.
(1) Lettre à Le Poittevin, Marseille, avril 1845.
(2) Lettre à Le Poittevin, Gênes, 1er mai 1845.
(3) Voyages, Italie et Suisse, p. 461. (Nous avons utilisé l’édition des OEuvres complètes publiée dans la collection l‘Intégrale, Paris, Le Seuil, 1964, Tome II).
(4) Ibid., p. 462.
(5) Ibid., p. 462.
(6) Ibid., p. 462.
(8) Ibid., p. 464.
(8) Lettre à Alfred Le Poittevin, Gênes, 1er mai 1845.
(9) Ibid.
(10) Voyages, Italie et Suisse, p. 465.
(11) Lettre à Alfred Le Poittevin, Milan, 13 mai 1845.
(12) Ibid.
(13) Voyages, Italie et Suisse, p. 465.
(14) Ibid., p. 466.
(15)Ibid., p. 467.
(16) Ibid., p. 468.
(17) Ibid., p. 468.
(18) Lettre à Ernest Chevalier, Milan, 13 mai 1845.
(19) Voyages, Italie et Suisse, p. 468.
(20) Voyage en Orient : Italie, p. 679.
(21) Lettre à sa mère. Naples. 27 février 1851.
(22) Ibid., Naples, 9mars 1851.
(23) Lettre à Louis Bouilhet. Rome. 9 avril 1851.
(24) Lettre à sa mère, Naples, 14 mars 1851.
(25) Ibid.
(26) Ibid.
(27) Ibid., Rome, 29mars 1851.
(28) Lettre à Louis Bouilhet, Rome, 4 mai 1851.
(29) Lettre à sa mère, Rome, 8 avriL 1851.
(30) Lettre à Louis Bouilhet, Rome, 4 mai 1851.
(31) Lettre à Louis Bouilhet. Rome, 9 avril 1851.
(32) Ibid., 4 mai 1851.
(33) Lettre à sa mère, Rome, 29 mars 1851.
(34) Lettre à Louis Bouilhet, Rome, 9 avril 1851.
(35) Lettre à sa mère, Rome, 8 avril 1851.
(36) Lettre à Louis Bouilhet, 9 avril 1851.
(37) Ibid., 9 avril 1851.
(38) L’historien anglais Gibbon (1737-1794) entreprit, à la suite d’un voyage à Rome une Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain où il soutint la thèse que le triomphe de l’Église était lié au déclin de l’Empire romain.
(39) Lettre à Louis Bouilhet, Rome. 4 mai 1851.
(40) Lettre à Louis Bouilhet, Rome, 9 avril 1851.
(41) Lettre à Louis Bouilhet, Rome, 9 avril 1851.
(42) Lettre à Maxime du Camp, Venise, 30 mai 1851.