Un ami de Flaubert : Agénor Bardoux

Les Amis de Flaubert – Année 1979 – Bulletin n° 55 – Page 5

 

Un ami de Flaubert : Agénor Bardoux,

ministre de l’Instruction publique

 

Agénor Bardoux est un personnage très complexe ; les jugements que ses contemporains ont portés sur lui sont marqués souvent par la jalousie, l’incompréhension, la malveillance ; on l’accusait de légèreté, de versatilité, on lui reprochait — suivant le mot de Flaubert — d’être « volatile et insaisissable » (1). Or, Bardoux était d’abord un homme politique, dont le caractère délié et la subtilité ont été méconnus : c’est un personnage fascinant à multiples facettes : il y a le Bardoux causeur impénitent, l’historien, le chef de centre gauche, le juriste, l’ami fidèle, l’homme de plaisir, l’humaniste, l’esprit libre. Il n’a pas eu le rôle politique qu’il méritait, il était trop scrupuleux, trop homme de bien, trop rigoureux (2) : Dufaure le jugeait « très souple avec les personnes et, par contraste assez rare, inébranlable sur les idées » (3). C’était, fondamentalement, un modéré, orléaniste de formation et de tradition — par sa mère — un républicain subtil qui n’aimait pas « la bouillie des révolutions » (4), hostile aux jacobins et aux radicaux en un mot, un notable qui n’avait nulle envie de renoncer à ses idées… La carrière de ce fidèle de Thiers n’a pas encore été étudiée comme il le mériterait (5). Nous voudrions simplement esquisser brièvement l’année que passa cet ami de Flaubert et de Louis Bouilhet au Ministère de l’Instruction publique, en 1878-1879, et les procès injustifiés que lui firent ses amis, et notamment Flaubert et Maupassant.

Agénor Bardoux, né en 1829, fils d’un receveur des contributions d’origine nivernaise-bourbonnaise (6), fit ses études à Paris de 1849 à 1855, s’y lia d’amitié avec Flaubert, Bouilhet, Delattre, d’Osmoy. Avocat à Clermont-Ferrand, il reste attaché à Flaubert (7). Il dirige l’opposition à la fin de l’Empire, fonde l’Indépendant du Centre. Au 4 septembre 1870, il devient maire de Clermont-Ferrand. À quarante-deux ans, il est élu, en février 1871, député à l’Assemblée de Versailles : il se lie étroitement à Thiers et devient un de ses fidèles (8). Il « voyait beaucoup M. Thiers qui lui confiait des missions auprès des personnages les plus importants des groupes : aussi le confident de la présidence ne jurait-il que par le chef du Pouvoir exécutif et son « cher entourage » (9). II se lie également à un petit groupe, Marcère, Ricard, Maleville, Pessard (10), devient un des piliers de la gauche républicaine : il est nommé sous-secrétaire d’État à la justice le 11 mars 1875, auprès de Dufaure, qui l’appuie beaucoup (11), et démissionne le 11 novembre à propos de la loi électorale (12) : il est élu président du centre gauche le lendemain de sa démission. On admirait son talent d’orateur et sa force de caractère : il bat Rouher lors des élections de 1878 (13), se distingue à la Chambre en défendant le Budget des Cultes que la gauche radicale voulait supprimer (14). Réélu en octobre 1877, il reçoit le portefeuille de l’Instruction publique et des Cultes en décembre 1877 : Flaubert le félicite immédiatement (15).

Bardoux arrive au pouvoir à 48 ans. Sa position est très forte à la Chambre. II avait épousé, en juillet 1873, une jeune fille de Montpellier, Clémence Sophie Lucie Villa (16). « Notre ami Bardoux, écrit Flaubert, a fait un mariage très riche, on m’a dit 800.000 F » (17). Deux enfants naissent, Jacques en 1874 (18), Jean en 1878 (19). Nous ne savons pas grand-chose de sa vie familiale (20). Agénor Bardoux était très répandu dans le monde littéraire (21), on l’y aimait beaucoup. En novembre 1875, il apparaît au dîner Magny : Goncourt, toujours malicieux, note son entrée dans son Journal (22) : « Aujourd’hui, à notre ancien dîner de Magny, qui devient un dîner tout politique et qu’on appelle le dîner du Temps, Bardoux a fait pour la première fois son apparition. C’est un monsieur au noir de la barbe rasée d’un prêtre du Midi, aux longs cheveux rejetés en arrière, à la mode chez les universitaires à idées révolutionnaires. II est complimenteur, mielleux et impitoyablement bavard, avec une parole tortueuse, appuyée par des gestes de gamin ». Son langage est assez libre et, quand il est en confiance, c’est un causeur remarquable, érudit (23), un observateur impitoyable : il faut citer cette page singulière du journal de Goncourt au sortir d’un autre dîner Magny, où l’on retrouve l’écho direct du causeur en liberté, malicieux, méprisant certes beaucoup les sots, mais esprit fort libre :

« …Le paletot relevé jusqu’aux oreilles, avec une gesticulation d’étudiant en droit qui sort d’une brasserie, il m’a fait la conduite du chemin de fer, où je prends mon wagon d’Auteuil et lui son wagon de Versailles :

« Oh ! Dufaure, je le connais bien… À moi, il a fait des confidences qu’il n’a faites à personne. Que vous dire ? C’est un Janséniste. Il a, ne savez-vous pas cela ? un pont à son pantalon. Un homme qui a un pont à son pantalon, vous concevez !… Sa femme – une fine mouche au fond – est colletée jusqu’à la pomme d’Adam, avec, sur la tête, des couvre-chefs singuliers. Elle fait faire ses robes à Maremmes, c’est tout vous dire… Ils allaient dans le temps aux soirées de Louis-Philippe en omnibus, avec deux beaux-frères qui étaient des officiers dans la Garde nationale… Vous les voyez, tous les quatre, les beaux-frères avec leurs oursons, se faisant descendre devant le château et sortant toujours des Tuileries de façon à ne pas manquer l’omnibus de onze heures… II a été un moment orléaniste, puis cela lui a passé, il est devenu républicain… Oui, il va à la messe, à la messe de cinq heures du matin, avec un livre de messe particulier, où il y a des prières de je ne sais plus qui. Enfin, c’est un Janséniste… Il n’est pas bon. Oh ! il n’est pas tendre… Mais, il faut le dire, ce n’est pas tout le monde ! C’est un orateur d’une clarté, d’une ironie, d’une méchanceté ! Et cependant, comme il me disait, il n’aime pas la lutte ; mais quand il est dedans, ainsi qu’il me le disait encore, il tuerait tout le monde… Quant aux choses présentes, il ne s’en doute pas. Que vous dire ? Il a vu Talma et il s’est arrêté à Talma… Il se couche à huit heures… Son livre de messe particulier et Tacite, voici tout ce qu’il lit… Vous savez qu’il a soixante-dix-neuf ans ?

« Waddington, un monsieur pas français, pas compréhensif de tout ce que nous aimons… Ah ! mon cher, il n’y a plus de dilettante comme au XVIIIe siècle… Say, un gentleman de cercle, qui a toujours chez lui un membre de la Chambre anglaise… Decazes, un rien, un néant : enfin, c’est un monsieur qui passe !… Et vivant dans la société des cocottes supérieures… Marcère quoi ? un juriste, un rédacteur, rien que cela, pas une flamme : ce n’est pas Ricard, qui avait eu une balle dans les reins qui le faisait marcher un peu courbé, un passionné, enragé de n’avoir couché qu’avec des bonnes d’auberge avant d’être ministre de l’Intérieur… Oui, il m’en a fait l’aveu. Oh ! depuis…

« Là-dedans, pas une intelligence supérieure… Je ne vois que Picard. Lui, un vrai bourgeois de l’ancien temps ! Un bourgeois du XVIIIe siècle, avec une connaissance des hommes et une compréhension des choses… Oui, des bonapartistes, des orléanistes, mais pas un Français, pas un homme amoureux de sa patrie comme un Cavour.

Et la France va tout de même… Oui, ce sont les petits fonctionnaires qui la font aller… Oui, ces gens qui ont la probité, qui sont travailleurs et qui font très bien la chose qu’ils font tous les jours » (24).

Avec un tel langage, il ne se faisait pas toujours des amis : et un Chennevières a noté dans ses Souvenirs le mépris de Bardoux pour ses collègues trop provinciaux. Sa liberté d’esprit restait entière : « Il se sentait plus alerte, plus parisien que la plupart de ses collègues provinciaux qu’il voyait Ministres et dont il regardait en ricanant les agissements patauds et vulgaires : « Tous de Niort, tous de Domfront », répétait-il volontiers. Il avait gardé en lui quelque reste de l’ancien étudiant, voire une pointe de bohème poétique de son temps, et naguère encore il avait fréquenté des lettrés de renom, Mme Sand et Flaubert et certains ateliers » (25).

Marcère, qui fut son ami pendant trente ans et son collègue dans le cabinet Dufaure, a laissé de lui (et Marcère avait en général la dent dure) un portrait très favorable qu’on doit citer en son entier et qui est le meilleur témoignage que nous connaissons (26) : c’était pour lui « une des figures les plus attachantes parmi les hommes qui ont joué un rôle dans la politique contemporaine » : « Le visage rasé, l’air méditatif et un peu triste, les cheveux rejetés en arrière, un costume noir et sévère, il y avait en lui quelque chose de sacerdotal. Son abord était tout aimable, sa parole accueillante et le ton toujours poli : mais ces dehors ne cachaient ni rigidité d’esprit, ni sécheresse de cœur, ni hypocrisie de forme. II était très droit de caractère, très sûr en amitié. très ferme dans ses idées. II était par éducation et on eût dit par parti pris, d’une urbanité parfaite, ce qui lui donnait un air de bienveillance un peu banale ; ce n’était qu’en apparence, mais il avait dans ses rapports avec les autres hommes une sorte de délicatesse quasi maladive ; il souffrait vraiment de ce qui lui apparaissait discourtois, brutal et malappris. II eut comme beaucoup d’autres l’occasion, sous ce rapport, d’exercer ses vertus.

Esprit très éclairé, on pouvait lui appliquer le titre de nourrisson des Muses. D’une érudition très générale. on aurait cru qu’il n’avait pas d’idées arrêtées sur quoi que ce fût, parce qu’il ne les énonçait guère ; habitude prise de ne heurter personne ni par le geste ni par la parole. Peu communicatif, il ne se répandait pas à tout propos, mais il n’était étranger à rien. Quand il sortait de sa réserve, il avait une conversation nourrie, pleine d’aperçus recueillis dans ses lectures, qui étaient innombrables : on dirait volontiers qu’il avait trop lu. Très appliqué à tous ses devoirs d’homme politique, il portait à la tribune des opinions et une parole autorisées. Son éloquence était insinuante, pleine de précautions mais d’une dialectique serrée, extrêmement habile, et, sans efforts trop apparents, allant au but. Il lui est arrivé souvent de charmer ses auditeurs, surtout quand il parlait d’art ou de littérature, sujets qu’il possédait bien et dans l’exposé desquels ii se complaisait.

« Très fidèle en amitié, discret et sûr, il était incapable d’un procédé louche ou d’une trahison ; presque un phénomène dans la vie politique où l’ambition, l’envie et la fureur de paraître font rage. Il était naturellement bon, et son obligeance expansive était peut-être trop universelle ; mais toujours un peu diplomate, même dans les services qu’il désirait rendre. Son naturel, doublé d’une éducation très appareillée, le portait en tout à des ménagements infinis. Mais, durant près de trente ans de vie commune, au milieu de cette mêlée politique si redoutable à l’épreuve, je n’ai point trouvé de fléchissement dans son caractère ni dans son amitié. Et cette fixité dans ses affections, qui honore tous ceux qui en ont été l’objet, il la portait dans ses opinions, dans ce qui fait la personnalité morale d’un homme. Il était imbu des idées de la Révolution française, mais non jacobin ; très libéral et, très Français en cela, amoureux de l’ordre, respectueux des droits d’autrui, sans aucune réserve ; d’un esprit très libre et, au fond, catholique, comme il l’a montré à ses derniers moments. S’il s’est trompé, il n’a jamais failli par ambition, par des sentiments étrangers à la chose publique, ni par faiblesse de caractère. Il est de ces hommes très rares qui, durant une longue vie politique, n’ont peut-être jamais eu un vote à se reprocher ! ».

À ce portrait de M. de Marcère répond en contrepoint celui dressé par le marquis de Chennevières, directeur des Beaux-Arts, que Bardoux dut sacrifier aux rancunes des républicains (27) : la page est fort malicieuse, mais c’est le portrait d’un ministre par un de ses directeurs, lequel juge en termes administratifs, et qui plus est, par un directeur qui a été plus ou moins révoqué : « Nature très sympathique et estimée, intelligence fine, cultivée, déliée et enthousiaste, il avait la conversation attrayante et bon enfant. Ses cheveux longs rejetés en arrière, sa face rasée, jeune, pâle et mouvante, lui donnaient un air moitié séminariste, moitié acteur de province. Très aimable et constamment désireux de plaire, il avait mérité ce mot assez cruel de M. Dufaure, lequel l’avait eu pour Sous-Secrétaire d’État de la Justice : « Bardoux, il préfère tout le monde ». Cabasson, qui l’avait connu à Clermont alors que lui-même, pendant la guerre, y dessinait des billets pour la banque d’Algérie, me disait qu’il était la coqueluche de la ville, et il y avait de quoi, tant cet homme était porté à être serviable à tous. Le nombre est incalculable de ses collègues de la Chambre, qui, lui ministre, crurent être sûrs d’être appelés par lui comme Sous-Secrétaire d’État de son Ministère. Il était prometteur, c’est vrai, mais aussi sa bonne volonté très sincère ne s’épargnait pas à l’action et à la peine. Quand il fut installé rue de Grenelle, la crainte de blesser qui que ce fût et la passion de se faire des amis le rendirent insupportable à tous les agents de ses différents services qui avaient à traiter avec lui les questions les plus graves et les plus urgentes ; il dépensait, sans désemparer, toutes ses forces, toute sa salive et tous ses instants, de neuf heures du matin à six heures du soir, à donner des audiences aux premiers venus, et cela dura ainsi, sans qu’il s’en fût corrigé, jusqu’à la dernière journée de ses hautes fonctions. Vous jugez du chaos qui devait se faire dans cet esprit mobile, bienveillant, tiraillé en tous les sens par les suggestions les plus contraires. Et quand travaillait-il ? La nuit jusqu’à deux heures du matin. Alors qu’il aspirait à ce Ministère de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, qui fut son but constant et dont il avait soigneusement étudié les ressorts en qualité de rapporteur du budget, il me disait volontiers en se frottant les mains : « Quand je serai ministre, vous verrez, nous ferons de grandes choses ». Et de fait il avait l’appétit du grand (…).

« Son goût pour la musique et l’Opéra était extrême, et il ne cessa de patronner chaleureusement M. Halanzier, auquel il fit donner, un tout petit peu plus tôt que je n’aurais voulu, la croix d’officier de la Légion d’honneur. La jurisprudence qui était sa science, et l’instrument très légitime de son ambition, il la cultivait par le grand côté, en philosophe, et il aimait à l’appliquer à des matières de noble portée ; ainsi, durant son ministère, manifesta-t-il, comme précédemment M. Jules Simon, un penchant particulier pour son département des cultes. Quant à son ministère des Arts, il suffisait que la direction lui proposât une mesure quelque peu brillante et généreuse, telle qu’un ensemble de décorations par nos peintres et sculpteurs des monuments publics de la France, ou bien une série de commandes pour raviver l’art quasi éteint de nos lithographes, ou bien la décoration du grand escalier du Luxembourg par des panneaux de paysages à exécuter aux Gobelins et à Beauvais, pour être sûr  d’un accueil favorable. Le jurisconsulte qui était toujours en lui se complaisait à tourner et retourner le projet de loi pour la préservation des monuments, qu’il déposait un jour sur le bureau de la Chambre, et que sa prudence en retirait aussitôt pour le caresser encore ».

Ce que lui reproche Chennevières, ce n’est pas de l’avoir remplacé (Bardoux semble l’avoir défendu honnêtement en conseil des Ministres) (28), mais d’avoir gaspillé un temps précieux au lieu d’agir, d’avoir dépensé « son année entière, sous prétexte de se renseigner, à donner audience à des mendiants, à des intrigants ou à des indifférents » (29). En fait, Agénor Bardoux travaille beaucoup pendant son ministère, et son œuvre est considérable : il a mené à bonne fin des projets de Waddington (par exemple la caisse des écoles) (30), il a lancé des réformes qui ont abouti sous son successeur Jules Ferry (c’est lui qui a préparé la loi sur la gratuité de l’enseignement primaire). À la vérité il n’est pas facile de dresser le tableau de tout ce qu’il a entrepris, tant il lança d’idées et d’innovations (31). Alfred Rambaud — alors ministre de l’Instruction, Publique — (32) a fait l’éloge de son œuvre à sa mort (33) : Bardoux s’attacha surtout à la renaissance de l’enseignement supérieur (34), au développement matériel des lycées et collèges (35) ; il fonda le musée ethnographique, le musée pédagogique : « C’est à lui que notre conservatoire de musique et de déclamation doit la charte qui lui a suffi pendant dix-huit ans. La législation qui protège nos monuments historiques a M. Bardoux comme principal auteur ».

Bardoux quitte les affaires au moment où il commence à recueillir le fruit de ses divers projets. Il aurait peut-être pu faire plus (36), mais la force d’inertie des services de l’Instruction Publique était — déjà — fort grande, et il n’est pas sûr que son entourage ait été d’une grande efficacité (37) : son chef de cabinet, Xavier Charmes, n’avait pas une grande expérience (38), son secrétaire particulier, Morel, était un professeur de lettres à Henri IV (39).

La grande querelle qu’on a faite à Bardoux pendant tout son ministère, c’est d’avoir fait beaucoup de promesses sans les tenir (40) : et le mot de Dufaure : « Bardoux, il a des préférences pour tout le monde ». (41) servait d’illustration à cette faiblesse apparente. En fait, un ministre, surtout à cette date, ne peut faire tout ce que veulent les députés ou les notables, son arbitraire est nécessairement limité par les traditions administratives. Ce qu’on reprochait en réalité à Bardoux, c’est de ne pas faire la grande épuration de l’Université (et des Beaux-Arts) dont rêvaient les républicains : c’est la grande période, en 1878, de la chasse aux places, de la curée qui écœurait même une Juliette Adam. Or Bardoux était trop libéral, trop honnête et, disons, trop scrupuleux pour accepter cette épuration que réalisera un Ferry beaucoup plus sectaire : on le trouve trop faible avec ses directeurs ; les républicains sont irrités contre lui. « Bardoux branle dans le manche, note le 27 mai Flaubert, à ce que prétend d’Osmoy (42). Beaucoup de députés de la gauche sont mécontents de lui » (43) et Paul Cambon signale le 7 novembre à sa femme à la suite d’une conversation, avec Marcère : « Léon Say resterait aux Finances, mais l’aimable Bardoux serait mis de côté, sous prétexte qu’il désire plaire à tout le monde » (44). Bardoux sait qu’il ne se maintiendra pas (45), son entourage le sait aussi (46) : Bardoux n’a pas assez donné à la curée républicaine. Et il faut avouer que les ambitions étaient considérables — et surtout déraisonnables —, que les querelles suscitées au ministre n’étaient pas toujours fort dignes d’intérêt : l’affaire d’Henry Houssaye est très révélatrice. « Vraiment les ministres de la République », écrit Juliette Adam (47), « ne sont pas sérieux ». On ne peut imaginer les distractions de Bardoux à l’égard d’Henry Houssaye. Il l’a nommé, dénommé, renommé, redénommé Inspecteur des Beaux-Arts. Je lui ai dit à quel point cette nomination ferait honneur à la République. Le comprenant, il avait annoncé à Henry Houssaye deux fois sa nomination, plus une fois à moi, soit trois. Un beau jour, Henri Houssaye reçoit sa nomination d’enquêteur sur les musées de province : « protestations, interventions, Bardoux n’avait jamais nommé Inspecteur des Beaux-Arts Houssaye » (48). Bardoux ne peut tout faire et à cette date gérer les Beaux-Arts n’est pas de tout repos : l’affaire « ridicule » Lomon – Coquelin, en Octobre 1878, qui faillit brouiller (et sans doute brouilla un certain temps) Gambetta et Bardoux et que conte par le menu Juliette Adam, montre et la générosité de Bardoux et sa trop grande faiblesse vis-à-vis de ses amis (49).

Bardoux n’a pas les mains libres, mais on feint volontiers de l’ignorer : c’est dans le domaine des décorations que la chose fut le plus sensible. Le 27 décembre 1877, Hugo note que Bardoux veut lui donner la grand-croix de la Légion d’honneur (50), mais Hugo n’étant qu’officier, le Conseil de I’Ordre refuse. Quand le vénérable Barbier refuse la Légion d’honneur, Bardoux « gravit les marches de son petit logis » pour vaincre ses scrupules (51). C’est lui qui fit décorer Sully-Prudhomme, André Theuriet, rechercher la nièce de Lamartine pour lui donner une pension, qui fit doubler la pension de Daumier devenu aveugle (52). Bardoux s’expliqua longuement avec Goncourt sur les divers reproches qu’on lui faisait en matière de décorations : pour celle de Zola, « il me répond qu’il a rencontré une opposition formelle au Conseil des Ministres. Je lui demande pourquoi il n’a pas fait officier Renan ; il me répond que le Maréchal n’a pas voulu signer sa nomination. Et, à propos de la promotion d’Hugo, il m’affirme que c’est Hugo qui s’y est opposé, quoiqu’il eût la promesse qu’une semaine après qu’il aurait été nommé commandeur, il eût été fait grand-croix… » (53). La décoration de Zola suscita un vif mécontentement de Flaubert qui écrit même à Zola (54) : « J’ignorais la décoration de Fabre, lequel est un de nos mastocs littéraires les mieux réussis. Quant à mon camarade Bardoux, c’est un Khon (orthographe chinoise). Je me promets de le lui dire. Ce procédé envers vous est une crasse qu’il me fait à moi, car je lui ai demandé la croix pour vous cet hiver, et il m’avait promis formellement que vous l’auriez au mois de juin. Jusqu’à présent, il ne m’a rien accordé de toutes les requêtes semblables que je lui ai faites ; tant il est vrai que le pouvoir abrutit les hommes. Car enfin quel intérêt a-t-il de décorer Fabre ? L’hypothèse touchant Hébrard me paraît juste. Mais non ! j’aime mieux croire que Fabre est décoré uniquement parce qu’il est médiocre. Notre Bayard a refusé la croix d’officier pour Renan. En revanche, Dumesnil (directeur du personnel à l’Instruction publique) est nommé commandeur ! Tout cela est idiot ». Mais Flaubert s’est trop vite emballé, comme de coutume : il écrit le 12 septembre 1878 : « Bardoux me charge de vous prier de venir le voir pour avoir avec vous une explication. Les raisons qu’il m’a données m’ont paru plausibles. Vous aurez le ruban très prochainement. Si ma plume n’était pas exécrable, je vous en écrirais plus long. Bref, allez le voir » (55).

Flaubert croit fermement que Zola « sera décoré au jour de l’An » (56). Mais Zola n’est pas décoré : « L’histoire de la croix de Zola est pitoyable. Est-ce bête ! Mais qu’est-ce qui n’est pas bête ? » (57). Maupassant — alors attaché au cabinet — lui avait raconté que « Zola n’est point décoré à cause de l’article qu’il a écrit dans le Figaro ! ! ! Le chef de cabinet (58) m’a dit qu’il ne pouvait pas vraiment lui donner la croix en ce moment ! ! ! On rêve… En quoi un article de critique détruit-il le talent de Zola ? Du reste, je vois des choses ineffables (…). M. Bardoux, qui n’est pas bête bien loin de là, s’est entouré d’une façon étonnante. Et ils ont tous, comme pour la croix de Zola, des subtilités de raisonnement politique et malin d’hommes qui chient dans leurs chausses, à faire la joie du Garçon » (59).

Sans doute Bardoux fait-il beaucoup de promesses inconsidérées, sans doute sollicite-t-il imprudemment les conseils et les avis : ainsi, avec Goncourt, en janvier 1878 (60) : « Quand je m’en vais, Bardoux me prend affectueusement le bras, me disant : « Voyons, vous n’avez pas quelque chose à me demander… pour quelqu’un. Vous n’avez pas à me recommander un ami ? ». Et je m’en vais touché de cette aimable offre et pensant en moi-même combien il faut que le malheureux soit habitué aux demandes, pour que l’idée lui vienne d’en provoquer une chez quelqu’un qui ne lui demande rien ».

***

Bardoux n’aime pas faire déplaisir, et voudrait réconcilier la gent littéraire et le pouvoir (61) ; il aime les lettres, les Beaux-Arts (62) : mais on ne peut faire plaisir à tout le monde impunément, son cabinet ne le suit pas. Examinons dans le détail les trois affaires du clan Flaubert : la place de Flaubert, l’affaire Laporte, la nomination de Maupassant (63). Force est bien de reconnaître (l’expérience des cabinets d’aujourd’hui nous le montre bien) que Bardoux a scrupuleusement fait ce qu’il a pu, car pour Laporte et Maupassant, c’était du pur favoritisme, et Bardoux protestait — en vain — auprès de Flaubert qu’il fallait « des titres ou des précédents » (64) : il faut disculper Bardoux de tout reproche injuste de faiblesse.

L’affaire de Flaubert était très mal engagée. Elle a commencé dès 1875 : Flaubert refusait toute pension et voulait non une place, mais une sinécure : il voulait que Bardoux lui trouvât « dans une bibliothèque une place de trois ou quatre mille francs avec le logement (comme il y en a à la Mazarine ou à l’Arsenal) » (65). Il ne veut pas d’une place à la Bibliothèque nationale : « Parlons de ce que tu fais pour moi. Ne te presse pas. Car j’ai peur de mal agir envers toi, par la suite. Si la place que l’on m’offrira était à la Bibliothèque nationale, où le travail est atroce, si elle exigeait ma présence à Paris toute l’année ou si les émoluments étaient au-dessous de trois ou quatre mille francs, je n’aurais aucun bénéfice à accepter. Car cela n’amènerait pas dans ma position une amélioration suffisante… » (66).

L’affaire était délicate, parce que la bureaucratie se défendait, qu’il y avait des « droits acquis » : en janvier 1879, Bardoux décide de nommer Flaubert conservateur adjoint à la Mazarine, avec une indemnité de 3.000 F (67), mais il y a des résistances, en février 1879. Frédéric Baudry est candidat contre Flaubert à la succession de la Mazarine, Mme Adam intervient auprès de Ferry (68) qui a confirmé, semble-t-il, la décision initiale de Bardoux… Dans cette affaire, Bardoux s’est fort bien conduit (69).

Le problème de Laporte — Conseiller général de Seine-Maritime, ancien directeur de manufacture, sans aucun titre réel à une place (70) — était également très délicat : Flaubert — qui n’avait pas beaucoup d’adresse en ce domaine — ne cesse de tourmenter Bardoux, qui n’en peut mais : « Pas de nouvelles de Bardoux ! Voilà bientôt quinze jours qu’il nous laisse le bec dans l’eau. Impossible de savoir quel jour il viendra dîner ici. J’irai chez lui jeudi si d’ici là nous n’avons pas de réponse » (71). Quelques semaines plus tard : « Bardoux décidément m’a l’air d’un jean foutre. Pas de réponse à mes billets. Pas de dîner. Si je n’ai de lui aucune nouvelle avant mon départ, j’irai lui reprendre le manuscrit de la féerie (72), lui cracherai son fait au nez, et puis bonsoir. Conclusion philosophique : le pouvoir abrutit les hommes » (73). Bardoux n’est pas très chaud, et on le comprend : Flaubert écrit à Laporte (74) : « Hier j’ai déjeuné avec Bardoux qui m’a dit : « Je n’ose faire des destitutions, mais j’ai des places à créer. Voilà la vérité. Dis à ton ami Laporte de venir me voir de temps à autre pour que je ne l’oublie pas ».

En septembre, Bardoux dîna chez Flaubert : « Je l’ai pris dans mon cabinet seul à seul, et lui ai reparlé de vous, en insistant le plus possible pour que ça en finisse. Voici sa réponse : « Je te promets que je pense à ta recommandation. D’ici à peu de jours, il va y avoir un remaniement complet dans les Beaux-Arts, et je lui trouverai quelque chose de bien ». Avant de s’en aller, je lui ai reparlé du sieur Laporte et son dernier mot a été : « Sois sans crainte ». De plus, il m’a indiqué un truc pour le trouver chez lui seul, c’est d’y aller à six heures du soir. J’en profiterai » (75) : on ne peut avoir meilleur exemple d’un ministre assiégé et tourmenté par ses amis. Bardoux déclare bien qu’il va créer « quatre places d’inspecteurs de dessin en province, trois mille francs par an, et les frais de voyage. II m’a dit hier : « Ton ami Laporte en veut-il une ? — Parfaitement ». Et j’ai ajouté que vous étiez très capable de la remplir. Ce serait absolument votre affaire, il faut que Bardoux obtienne le consentement et l’argent des chambres » (77). Mais Laporte — en ne sait pourquoi — refuse, et voudrait une place d’Inspecteur des bibliothèques populaires ; Flaubert lui trace même un plan de campagne (79). D’Osmoy parle un moment de donner à Laporte la direction des Gobelins (80) : « J’ai dit que vous n’en demandiez pas tant. Mais une place médiocre est plus difficile à avoir qu’une très belle ». Laporte voit Bardoux en octobre (81). Mais l’affaire, mal engagée, échouera : finalement, en 1879, Laporte sera nommé inspecteur du travail à Nevers.

L’affaire de Maupassant, expéditionnaire au Ministère de la Marine, est mieux connue par la correspondance de Maupassant ; nous n’avons pas à l’examiner dans le détail (82). Elle est amorcée dès le printemps 1878. Flaubert écrit à Bardoux : « Guy de Maupassant est arrivé chez moi, enchanté de tes promesses. Je t’en remercie, et je te prie, je te supplie d’y donner suite. Comme je lui crois un grand avenir littéraire, il faut qu’il ait deux choses : de quoi vivre et le temps de travailler. Sa place au Ministère de la Marine n’est plus tenable. Au nom des Lettres, tire-le de là ! Tu feras une action juste et tu m’obligeras infiniment » (83). Flaubert ne cesse d’intervenir auprès de Bardoux et d’Osmoy, mais le prêt d’un expéditionnaire d’un ministère à un cabinet était alors chose exceptionnelle, jugée parfaitement impossible par les services. Bardoux, qui ne voulait pas mécontenter un de ses amis, Pressensé, cherche à gagner du temps ; son cabinet n’est pas chaud, et Maupassant, à bon droit, est inquiet : « Avec tout autre homme que M. Bardoux, je serais tranquille (…), mais avec lui, je crains tout. Il a fait annoncer, il y a un mois, à Mme Pasca (84), que son admission au Français était chose faite définitivement. C’était faux » (85). Et le 5 décembre : « M. Bardoux n’ose pas, parce qu’il a peur de ses directeurs. Puis cela lui ferait peut-être du tort de tenir une de ses promesses » : l’impatience rend injuste. Le 16 décembre : « M. Bardoux est usé par ses promesses. J’ai vu Zola qui n’est pas content non plus », et le chef de cabinet déclare : « M. Bardoux promet à tort et à travers mille choses qu’il ne peut tenir ». Finalement, le transfert de Maupassant de la Marine à l’Instruction publique s’opère en violation de toutes les règles appliquées aux fonctionnaires des ministères à cette date : toute intrusion au niveau du cabinet d’un rédacteur paraissait un danger pour l’avancement du personnel. Finalement, l’affaire fut réglée au mieux ; Bardoux donna, dit-on, les palmes à Maupassant (88) et, en 1880, il intervint avec vigueur en faveur de Maupassant, poursuivi par le Parquet d’Étampes (89) : il envoie à Flaubert ce dernier billet :

« Mon vieil ami,

« J’ai vu Maupassant, je l’ai sauvé, je le crois, des griffes du ministère. Il pouvait perdre sa situation. Quel temps ! Quel peu de progrès véritable ! Les chemins s’améliorent, mais les cerveaux ! Comme le chariot va lentement ! Et pourtant, il te porte, et Hugo et quelques vigoureux conducteurs. On se croit près du but et, au moment de décrocher la timbale, on roule dans le fossé. Je ne te vois plus, mon ami ! Que fais-tu ? Je tâche de vivre, ne t’oubliant pas, me souvenant des morts, et amoureux plus que jamais des beaux vers et de la belle prose. Je t’embrasse » (90).

***

Flaubert est d’une extrême injustice quand il écrit en février 1879 : « Ce qui a fait tomber Bardoux, c’est lui-même. Il s’était déconsidéré à force de promettre sans tenir, et puis Waddington avait besoin de sa place » : Flaubert, faute d’expérience, ne pouvait guère comprendre les tracas d’un ministre et la difficulté qu’il pouvait avoir pour contrôler ses directeurs, surtout en ce domaine. Le destin a été très injuste avec Agénor Bardoux : son, rôle politique à partir de 1879 est demeuré discret, il soutient Gambetta avec force sur le scrutin de liste — longtemps appelé projet Bardoux — (91), il devient sénateur inamovible en 1882 : il ne sera plus ministre — il n’était pas assez doctrinaire — et se consacrera à ses études littéraires, à ses amitiés : « M. Bardoux, note Schlumberger 1921 (…) était un homme infiniment érudit. aimable et doux, un homme d’autrefois, délicieux causeur du meilleur monde. Il aimait beaucoup la société des femmes distinguées et je le rencontrais avec plaisir chez plusieurs de mes amies. Il savait beaucoup de choses qu’il disait fort bien. Je n’ai jamais compris qu’il n’ait pas été de l’Académie française ». Millaud note méchamment que « la place de la Bourse le dispute à la Revue des Deux Mondes et les administrations financières aux calmes études sur le XVIIe et le XVIIIe siècle. Il se fait attendre chez la comtesse de Beaumont, sa nouvelle passion, pour dîner chez un agent de change » (93). Comme Jules Simon — dont il avait quelques traits de caractère — (94), il est tenu à l’écart du pouvoir on ne sait trop pourquoi : Grévy ne l’aimait pas et, une fois sorti du jeu politique, il est bien difficile d’y rentrer…

Guy THUILLIER

(Paris)

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***

Les Amis de Flaubert – Année 1979 – Bulletin n° 55 – Page 43

Une lettre de Bardoux au directeur du Correspondant

Dans un lot de lettres achetées par la Bibliothèque municipale de Rouen nous avons retrouvé cette lettre d’Agénor Bardoux adressée au directeur de la revue Le Correspondant. Le sénateur ne voulait pas mécontenter M. Buloz, directeur de la Revue des Deux Mondes. Elle illustre fort bien l’article de Guy Thuillier :

Adresse : Monsieur

Monsieur L. Lavedan

Directeur du Correspondant

14, rue l’Abbaye, 14

Paris

Cachet postal : timbre à 15 centimes. Paris SS Sénat : 5 h. 8 avril 90

SÉNAT St-Saturnin

le 7 avril [1890]

Mon cher ami,

Je suis venu me reposer dans la petite maison que vous connaissez et qui garde de vous le meilleur souvenir. J’y reçois votre lettre.

Je suis touché de l’empressement de M. Lavedan à me confier l’intéressant article sur Mme de Staël. Je n’eusse parlé de ce grand esprit qu’avec respect et enthousiasme. Tout ce qu’on a publié récemment n’a pas modifié mon jugement. Ses faiblesses ont de la grandeur et elle a toujours eu le beau rôle. Je vous ai dit au Sénat que les convenances m’obligent à prévenir M. Buloz qui a toujours été parfait pour moi et que je sais susceptible. Je n’ai pu le voir. Excusez-moi.

Je comprends l’urgence qu’il y aurait à écrire l’article pour le Correspondant.

Je ne le pourrai pas en ce moment, je suis préoccupé de ma candidature académique. Et quand l’élection favorable ou défavorable aura eu lieu, je serai repris au Sénat par la discussion de la loi sur la responsabilité des accidents du travail. Vous savez que j’en suis le rapporteur.

Je vous prie donc de dire à M. Lavedan combien j’ai été honoré de son offre. J’irai du reste lui rendre visite, désireux que je suis de le connaître.

J’espère que votre excellente femme n’est plus souffrante et que vous continuez à vous mieux porter.

Je compte sur l’air pur de Saint-Saturnin pour me rétablir. Que n’êtes-vous pas ici avec les premières feuilles ?

Adieu, je vous embrasse cordialement.

BARDOUX

Ma vieille servante est malade, je la soigne. Elle a vu mourir tous les miens, vous ne sauriez croire quelle serait ma douleur si je la perdais.

 

 

(1) Correspondance, 1878-1880, pp. M. Nadeau, 197, p. 82.

(2) Cf. le jugement de Marcère, ci-dessous.

(3) Cité par G. Picot, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences morales et politiques, Bardoux, notice historique lue en séance publique le 7 décembre 1907 (1908, 113 pages), p. 46.

(4) Cf. Goncourt, Journal, t. Il, p. 1003, 15 juin 1876.

(5) La bibliographie sur Bardoux est singulièrement courte : outre lerecueil de discours public à sa mort (1898, 63 pages, Bib. Nat., Lu 27 45645), on trouve un discours de G. Picot (ouv. cité), un éloge par Boutmy à l’Académie des Sciences morales et politiques, Notice sur la vie et les travaux de M. Bardoux (1902 , 43 pages) et une notice de F. Imberdis (Agénor Bardoux, sa vie, son œuvre, dans le Bulletin de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Clermont, 1925, 83 pages) La meilleure étude est celle de son fils, Jean Bardoux (né en 1878), A. Bardoux, sa jeunesse, ses amis, ses débuts (Toulon, 1938), faite d’après les papiers conservés dans la famille ; elle permet de suivre la carrière de Bardoux jusqu’en 1871 et analyse les rapports avec Flaubert et Bouilhet. SurJean Bardoux, cf. la préface de son frère Jacques Bardoux au livre cité infra, note 16.

(6) La famille était du Veurdre, dans l’ancien Nivernais (cf. Jean Bardoux, ouv. cité, etG. Rougeron, Sur les ascendances bourbonnaises de M. Valéry Giscard d’Estaing, Bulletin de la Société d’Émulation du Bourbonnais, 1975, pp. 335-337 : le président de la République estl’arrière-petit-fils d’Agénor Bardoux par sa mère, fille de Jacques Bardoux).

(7) Jean Bardoux a analysé de façon très précise et très complète cette période avec lesarchives familiales. Nous n’étudierons donc pas ici l’œuvre littéraire ni les débuts politiques de Bardoux.

(8) Picot (discours précité, p. 37) note que « Thiers l’avait distingué, il aimait àl’avoir pour auditeur dans le cercle où il se plaisait à essayer l’effet de ces discours. Bardoux y était venu àVersailles, puis à l’Elysée. Il y vint ensuite pendant la retraite ».

(9) Édouard Millaud. Le Journal d’un parlementaire, t. IV, p. 153 (portrait de Bardoux, non daté, écrit vers 1890). Millaud ajoute malicieusement : « Vous pouvez être certain de cela, je le tiens de Mlle Dosne… J’ai passé, hier, une heure à la Préfecture… Mme Thiers m’a affirmé… Barthélemy Saint-Hilaire m’en a conté une bien bonne ce matin ! » étaient les formules familières à l’hôte habituel, de la maison Thiers. Personne n’était aussi bien en cour que lui. II ne redoutait pas même la rivalité du jeune Duvergier de Hauranne ou celle de Rolland, de Saône-et-Loire. « Grâce à Bardoux, je vis plusieurs fois, le soir, sommeiller M. Thiers après son dîner, en la tiède atmosphère du petit salon et je gagnais les bonnes grâces de Mlle Dosne en marchant sur la pointe des pieds. Grâce à Bardoux, je colportais involontairement dans les couloirs pas mal de nouvelles douteuses, qui me donnèrent la réputation d’un monsieur bien informé, surtout lorsque les tuyaux de Bardoux étaient absurdes ».

(10) Pessard le cite souvent dans Mes petits papiers (deuxième série, 1871-1873, 1888) « Bardoux, très poète et en même temps très Auvergnat, s’enlevait de table d’un coup d’aile et, charmant, éloquent, doux, à la fois positif comme un chaudron et rêveur comme un troubadour, effaçaitpar quelques phrases l’impression fugitive produite par mes observations…. (p. 175).

(11) « Le seul rival de Thiers auprès de Bardoux, notait avec malice E. Millaud (ouv. cité, p. 154), était Dufaure, vice-président du Conseil. Chaque président est un pôle, Bardoux ne savait pas choisir : il les préférait l’un et l’autre ».

(12) Adam note le 10 novembre : « Bardoux a été forcé de donner sa démission. On l’a attaqué à nouveau à fond à propos de son discours d’août au collège Henri IV » (J. Adam, Nos amitiés politiques avant l’abandon de la revanche, 1908, p. 287).

(13) Le rôle de Bardoux en 1876-1877 mériterait une étude, car il est très lié à Gambetta et dresse avec lui « un plan de lutte contre la restauration monarchique . (J. Adam, Ibidem, p. 42).

(14) Séance du 25 novembre 1876, iI fait partie du « Conseil des dix » (en fait douze), qui réunit au café Riche les dirigeants des groupes républicains et comprend Duclerc, Marcère. Maleville, Billot, Cochery, Schewer-Kestner, Lepère, Fourcaud, Leblond, Le Royer, Adam (cf. J. Adam, ouv. cité, p. 64). Les dîners hebdomadaires étaient tenus secrets.

(15) « Bardoux est « au pinacle », je lui ai envoyé un mot de félicitations » (18 déc. 1877, à Caroline).

(16) Elle était née à Millau le 26 décembre 1847, mais avait vécu surtout à Montpellier. Elle devait mourir en 1939, à 92 ans : sa figure est évoquée avec émotion par son fils, Jean Bardoux, dans Souvenir de Montpellier au temps des diligences (préface de Jacques Bardoux, 1948, pp. 202­-206) (Jean Bardoux a fait l’histoire des familles Villa et Bimar). Elle tenait, semble-t-il, un jour­nal, qu’il serait intéressant de retrouver. Bernard Lavergne, dans ses Mémoires (1815-1903, Bibl. Nat. n.a.f. 15906, I, f° 4), note en 1880 que Bardoux avait épousé « une demoiselle riche et belle, très dévote ; lui-même passait, dit-on, pour pratiquant ». À propos des opinions religieuses de Bardoux, Marcère note qu’il était « d’un esprit très libre et, au fond, catholique, comme il l’a montré à ses derniers moments » (Histoire de la République, ouv. cité, p. 197). G. Picot note (discours précité, p. 77) qu’il était spiritualiste convaincu.

(17) 30 octobre 1873. Correspondance, t. XV, p. 261.

(18) II annonce à Laporte le 12 juin 1874 la naissance de Jacques Bardoux (ibid., p. 310).

(19) Cf. supra, note 5.

(20) Cf. Flaubert, Correspondance, t. XVI, ouv. cité, pp. 219, 243.

(21) Sur la vie mondaine d’un ministre à cette date, on lira les pages très significatives de Monsieur le Ministre, de Jules Claretie.

(22) Journal, t. II, pp. 1093-1094.

(23) Goncourt, le 28 décembre 1875 (pp. 1103-1104), note un curieux propos de Bardoux historien, à propos des Origines de la France contemporaine de Taine (qui vient de paraître) : « Bardoux. — Messieurs, permettez-moi d’être d’un avis contraire, M. Taine n’a fait son livre que d’après les idées déjà parues dans les livres. Il ne s’est pas douté d’une chose, c’est que la Révolution n’a été accomplie et exécutée que par les légistes, les avocats, les hommes de loi, les procureurs. Songez qu’il y avait 240 avocats à la Constituante ! Les historiens n’ont vu jusqu’à présent que le côté épisodique de la Révolution : les séances où parlait Mirabeau, les séances où défilaient les sections. Ils n’ont pas songé que toute la Révolution, qui est la Constitution civile de la société, a été faite sans bruit, sans discussion, sans éloquence, au commencement des séances, où l’on votait jusqu’à 90 décrets —des décrets préparés par une commission de cinq avocats ou hommes d’affaires. Cela s’est, pour ainsi dire, passé sans que dans leur ignorance des affaires, la noblesse et le clergé se soient aperçus du grand bouleversement tranquille qui se faisait… La Révolution est accomplie avec la Constituante. Cela est nettement et clairement démontré par la lecture de trois cents volumes, que j’ai le premier lus et coupés — coupés, vous m’entendez, Messieurs ! — les trois cents volumes du Corps Législatif, dans lesquels aucun historien n’a mis le nez et qui étaient ce que sont de nos jours les distributions… Oui, iI m’est arrivé de baiser la page où est l’historique du Serment du Jeu de paume » …

(24) Journal, 14 nov. 1876, pp. 1155-1156.

(25) Souvenirs d’un Directeur des Beaux-Arts, Aux bureaux de l’Artiste, 1883, t. I, pp. 17-18.

(26) Histoire de la République, p. 194 et suiv. (on trouve un texte identique dans Le seize mai et la fin du septennat, 1900, pp. 230-233). Marcère avait rédigé un journal qu’on n’a point retrouvé jusqu’à présent.

(27) Flaubert annonce son remplacement dès mars 1878 : « Chennevières est mis à la porte et Guillaume va être mis à la place » (Chennevières démissionne en mai 1878 seulement, cf. lettre de Flaubert à Laporte, 27 mars 1878, p. 49).(28) Bardoux. au moment de la publication du texte, était encore tout-puissant.

(29) L’excellent Chennevières ajoute, non sans malice, mais c’est encore vrai un siècle plus tard : « Hélas ! Hélas ! par le temps qui court, qui n’est ni aux lents ni aux circonspects, et où les mois et les jours sont comptés à l’avance pour chacun, il ne faut songer qu’à agir lestement et dès la première heure et, si l’on a quelque chose dans son sac, à le vider à la diable et sans hésitation, et le moins maladroitement qu’on peut. Une fonction aujourd’hui est une tente dont on secoue la poussière dans l’intervalle de deux batailles ».

(30) Loi du 1er juillet 1878.

(31) Cf. Boutmy, ouv. cité, pp. 20-21.

(32) Rambaud fut chef de cabinet du successeur de Bardoux, Jules Ferry.

(33) Cf. A. Bardoux, Discours de M. Rambaud, pp. 9-14. On trouvera aussi dans Dix années de vie politique (publié en 1882) un remarquable discours sur le budget de l’instruction publique, qui dresse un bilan de ce qu’il voulait faire (Discours sur les progrès réalisés par le Ministère de l’Instruction publique, 22 novembre 1878, pp. 81-93) ; nous ne pouvons malheureusement pas le citer ici en raison de sa longueur.

(34) « C’est de lui que date la reconstruction de la faculté de médecine avec 6 amphithéâtres, elle qui n’en possédait pas un seul, avec 180 tables de dissection au lieu de 80. Le projet pour la reconstruction de la Sorbonne est approuvé. L’école de droit est dotée d’une salle de bibliothèque. L’école de pharmacie s’élève sur les terrains libres du Luxembourg. Sous l’impulsion du ministre, une merveilleuse émulation de sacrifice s’empare de toutes nos grandes villes : Marseille vote 500.000 francs pour l’établissement d’une école de médecine ; Grenoble 620.000 francs, Caen 800.000 francs pour la reconstruction de leurs facultés ; Lille plus de 1.200.000 francs et Bordeaux plus de 2 millions. Nancy ouvre les bras à la faculté de médecine de Strasbourg, émigrée d’Alsace ». (Rambaud, ouv. cité, p. 11).

(35) Pour les lycées et collèges, il « ouvrit aussi au budget une caisse spéciale ; il entrevoyait, à très bref délai, la possibilité de « reconstituer tout le matériel scolaire dans l’enseignement secondaire, donner de l’air et de l’espace à nos vieux lycées, qui sont pour la plupart d’anciens couvents ou d’anciennes casernes, et placer ainsi tous les enfants qui nous sont confiés dans ces conditions d’hygiène plus nécessaires aujourd’hui que jamais ».

(36) Son rôle aux Cultes ne fut pas très considérable, semble-t-il ; le jour de la démission de Mac-Mahon, il proposa au conseil le remplacement du directeur Tardif par Laferrière. Sur son action aux Cultes (encore mal connue), cf. J. Gadille, La pensée et l’action des évêques français au début de la IIIe République, 1870-1883, 1967, t. Il, passion.

(37) Maupassant, en janvier 1879, trouvait que Bardoux s’était entouré de façon étonnante (Infra).

(38) Il était né en 1849 à Montpellier, il était entré au ministère en 1873 (Arch. Nat. F 17 2629). Il sera nommé directeur du secrétariat et de la comptabilité en 1881. C’est lui qui protégera Maupassant.

(39) C’était un ami de Bardoux, qui l’avait connu comme professeur de rhétorique à Clermont avant 1870, et qui était professeur de rhétorique à Henri IV. Au cabinet figurait comme attaché Pressensé, le futur député.

(40) Ainsi que l’explique non sans malice Boutmy (ouv. cité, pp. 50-51) : « On lui a reproché d’avoir fait beaucoup de promesses qu’il n’avait pas l’intention de tenir. La critique est aisée ; elle est en outre parfaitement injuste. Comment sait-on que des promesses ont été faites, si ce n’est par les solliciteurs ; et peut-on ignorer que quand le ministre leur a dit : « Je ferai mon possible, je profiterai de la première occasion, je connais la valeur de vos titres », ils s’en vont répétant : « J’ai des titres qui ne sont pas discutables. Le ministre l’a reconnu. Il m’a dit : La première vacance sera pour vous, vous pouvez considérer la chose comme faite ». L’on conçoit bien l’irritation de ce quémandeur si bien accueilli lorsqu’il ne voit rien venir, ou que quelque autre est nommé à la place convoitée. Cette aménité dans les formes ne faisait que traduire le désir constant que Bardoux avait de rendre service ».

(41) Le mot est attribué généralement à Dufaure, mais Goncourt l’attribue à Picard (Journal, 19 mars 1878, p. 1228) : « Ernest Picard, de son vivant, a fait un portrait très juste de Bardoux dans une forme délicatemen épigrammatique : « Bardoux, c’est un homme qui a des préférences pour tout le monde ».

(42) Leboeuf, comte d’Osmoy, né en 1827, représentant en 1871 et député de 1876 à 1885, puis sénateur, était un grand ami de Bardoux et de Flaubert.

(43) 27 mai 1878. Correspondance, t. XVI, p. 49 (à Laporte).

(44) Correspondance, 1870-1924, t. 1, 1940, p. 91 (Cambon est préfet à Lille). On songeait déjà à un ministère Gambetta.

(45) Goncourt note le 21 janvier 1879 (t. 111, p. 8) : « Bardoux est venu dîner aujourd’hui chez Brébant, pour prendre l’air de la table, il ne dissimule pas, malgré la victoire du ministre, son peu d’espérance de se maintenir et là-dessus, on ne lui laisse aucune illusion, et on lui recommande de soigner sa sortie ».

(46) Maupassant, dès le 16 décembre, écrit à Flaubert : « Tous les journaux républicains l’attaquent, et je crois qu’Antonin Proust va lui succéder. M. Bardoux s’est usé par ses promesses… ».

(47) Après l’abandon de la revanche, ibid., p. 349.

(48) La place était sans appointement, mais J. Adam déclare le procédé «  blessant », et Houssaye, qui tient « sous sa plume une partie de l’opinion », y tenait. D’où l’impression de légèreté donnée par Bardoux – alors qu’il ne savait pas refuser. II est probable que les services s’y étaient opposés.

(49) J. Adam, ibidem., pp. 248-253. Pour faire plaisir à Lomon, Mme Adam obtient le renouvellement du bail du directeur de l’Odéon pour trois ans, mais Coquelin proteste hautement. Soutenu par Gambetta, qui veut interpeller Bardoux, pour faire déplaisir à Mme Adam : Bardoux menace de démissionner pour éviter cette interpellation ridicule, etc. Ce sont les débuts de la rupture de Gambetta et du clan de Juliette Adam.

(50) Œuvres complètes, t. XVI, 1970, p. 90.

(51) Picot, ouv. cité, p. 46.

(52) Lettres de Gambetta, 1868-1882, pp. D. Halévy et Pillias, 1938. n° 384 (25 Juillet 1878).

(53) Journal, t. III, 21 janvier 1879.

(54) Correspondance, t. XVI, p. 70 (15 août 1878).

(55) Ibidem, p. 83, à Zola.

(56) Ibidem, à Maupassant, 7 nov. 1878, p. 99. Le renseignement est transmis par Caroline…

(57) Ibidem, 15 janvier 1879, p. 123.

(58) Charmes.

(59) Lettre du 13 janvier 1879, Correspondance, t. I, pp. 197-198.

(60) Journal, 6 janvier 1878, p. 1216 (à la fin d’un dîner au Ministère avec Girardin, d’Osmoy, Bapt, Daudet et Dumas).

(61) Cf. le témoignage de Goncourt sur ce dîner de vingt-cinq hommes de lettres, ibidem, pp. 1214-1216, où Goncourt note le dédain des domestiques : « Les domestiques tristes, ennuyés et compassés, apportent dans leur service un certain dédain des gens qu’ils servent, dédain qui me fait plaisir comme une manifestation réactionnaire » : ce qui rappelle fort Monsieur le Ministre de Claretie.

(62) Un Goncourt conteste son goût des arts, dans une note perfide du 22 octobre 1884 (Journal, t. IV, p. 391) : « Il est comme toujours, très prodigue d’une obligeance verbeuse inépuisable. Au fond, le singulier Auvergnat que ça fait. Mon homme, sous un enthousiasme lyrique pour le beau, est froid comme un glaçon pour cette denrée. Et en dépit de l’affiche loquace de son amour pour l’art ou la littérature, on le sent plus complètement fermé aux choses qu’un pur et franc illettré ». C’est le contraste de l’Auvergnat froid et du rêveur, signalé par Pessard (supra, n. 10). Cf. dans le même sens, Journal de Goncourt, 22 déc. 1882, 9 avril 1884 (pp. 214, 329).

(63) Sur l’affaire de Maupassant, cf. notre étude, Maupassant fonctionnaire, Revue Administrative, 1976, pp. 130-144.

(64) Cf. lettre de Flaubert, 16 sept. 1878, Correspondance, p. 87.

(65) Lettre du 29 août 1875, publiée par J. Bardoux, ouv. cité, p. 156. Il refuse la pension : « Pense donc que cette pension serait publiée imprimée, et peut-être attaquée dans la presse et à la tribune. Qu’aurais-je, qu’aurions-nous à répondre ? ».

(66) Ibidem, 13 sept. 1875, p. 157.

(67) Brouillon de la décision (Arch. Nat. F 17 2523), mais la décision officielle ne part que le 6 juin — après la chute de Bardoux — et elle est modifiée (Flaubert est « hors cadre »).

(68) Correspondance, pp. 139, 149, 221-223.

(69) N’oublions pas qu’il a aussi donné, semble-t-il, des commandes à Caroline : le 14 septembre 1878, Flaubert écrit que : « Bardoux ne t’a pas répondu parce que les commandes se font au mois de décembre. Tu en auras une, il s’entendra à ce sujet avec Guillaume » (le directeur des Beaux-Arts), Correspondance, p. 84.

(70) Lucien Andrieu, « Un ami de Flaubert : Edmond Laporte (1832-1906) Les amis de Flaubert. 1976, n° 49.

(71) À Laporte, mars 1878, Correspondance, p. 38.

(72) Manuscrit qui devait être joué si Bardoux l’appuyait.

(73) Ibidem, p. 41.

(74) Ibidem, 2 mai 1878, p. 44-45.

(75) Ibidem, 8 septembre 1878, p. 81.

(77) Ibidem, 11 sept. 1878, pp. 82-83, cf. 14 septembre 1878.

(78) La place est, déclare Flaubert, qui sert d’intermédiaire, « insuffisante » pour un conseiller général qui, d’ailleurs, soutient votre ministère (15 sept. 1878, ibid., p. 85).

(79) Lettre du15 sept. 1878, ibid., p. 85.

(80) Ibidem, 16 septembre, p. 87.

(81) La recommandation de Flaubert est très belle : « Bien que Laporte trouve qu’il n’a pas besoin de lettre d’introduction près de Ton Excellence, je tiens à te dire ceci : Fais pour lui ce que tu ferais pour moi. Je t’en serai extrêmement reconnaissant (ibidem, p. 92).

(82) Cf. notre article et Jean Bardoux, ouv. cité.

(83) Correspondance, 2 mai 1878, p. 44.

(84) L’amie du ministre Ricard.

(85) 2 décembre 1878.

(86) Les réactions des directeurs du Ministère de la Marine sont révélatrices (cf. art. cité, p. 139).

(87) Ceci explique que le cabinet de Bardoux ne voulait qu’une simple mise à la disposition, qui, à cette date, n’existait pas encore.

(88) Cf. Pradel de Lamaze, « Guy de Maupassant commis à la Marine », Mercure de France, 14 sept. 1928, p. 377, n. 55.

(89) Cf. notre article précité, p. 140.

(90) Jean Bardoux, ouvrage cité, p. 164, lettre du 27 février 1880.

(91) Bernard Lavergne (Mémoires précités) déclare que « c’est incontestablement Gambetta qui a inspiré le projet Bardoux ; il a exploité avec autant d’habileté que peu de délicatesse la situation de Bardoux, qui se croyait perdu au scrutin d’arrondissement, et préférait un bon scrutin de liste. Bardoux défendit son projet dès 1879. L’histoire du projet Bardoux mériterait d’être entreprise ».

(92) Mes souvenirs, t. I, p. 238.

(93) Note vers 1890, ouv. cité, p. 155. Il ajoute : « L’heure des timides est passée. Bardoux est trop doux, trop aimable, trop sentimental, trop papelard, trop amoureux de cette beauté imparfaite qui ignore les élans de la force et les joies des grandes résolutions. Avec ses cheveux noirs collés aux tempes, son visage glabre et sa voix sucrée, il a manqué sa vocation : Bardoux aurait dû compléter ses études théologiques et devenir évêque ».

(94) Bardoux disait, d’après Millaud : « Mon meilleur maître est Jules Simon »