Flaubert vu par Zola

Les Amis de Flaubert – Année 1981 – Bulletin n° 58 – Page 42

 

Flaubert vu par Zola

Il semble bien qu’Émile Zola n’a pas écrit à Gustave Flaubert avant 1869, et probablement, lorsqu’il lui a adressé un exemplaire de Madeleine Férat, le 10 janvier 1869. Il ne l’avait pas encore rencontré et Zola lui demande d’accepter ce volume « comme un hommage à son talent d’observateur et de peintre. »

Dans le second tome de la correspondance de Zola qui vient de paraître (édition du C.N.R.S. et de l’Université de Montréal) préparé par Henri Mitterand, celui-ci cite I’opinion (p. 190) que Zola avait conservée de sa première visite au domicile parisien de Flaubert (Œuvres complètes tome XI, p. 121-26) : « J’arrivais avec tout un Flaubert bâti dans ma tête, d’après ses œuvres, un Flaubert qui était le pionnier du siècle, le peintre et le philosophe de notre monde moderne. J’allais chercher l’homme de ses livres, et je tombai sur un terrible gaillard d’esprit paradoxal, romantique impénitent, qui m’étourdissait pendant des heures sous un déluge de théories stupéfiantes. Le soir, je rentrais, malade, chez moi, moulu, ahuri, en me disant que l’homme était chez Flaubert inférieur à l’écrivain. Depuis, je suis revenu sur ce jugement, j’ai goûté la saveur d’un tempérament si plein de contradictions, je m’y suis habitué et pour rien au monde, je n’aurais voulu qu’on me changeât mon Flaubert. Mais l’impression première n’en avait pas moins été une déception… ».