Les Amis de Flaubert – Année 1956 – Bulletin n° 9 – Page 38
Autour de Salammbô. – Cactus et Littérature
Pour faire « couleur locale « , on a utilisé les cactus, immodérément, aussi bien en littérature qu’en peinture.
Cet usage est surprenant de la part de Flaubert, dont on connaît le souci presque maladif du mot et du détail exacts. Cependant, dans le chapitre II de Salammbô, dont l’action — nous le rappelons — se passe à Carthage, on relève la phrase suivante : « Des caméléons rampaient sur les feuilles larges des cactus « . Deux erreurs : 1° les cactus n’ont pas de feuille, sauf les pereskias, qui ne les ont pas larges ;
2° les cactus et les agaves étaient inconnus en Afrique, il y a 23 siècles.
Dans le même chapitre, quelques pages plus loin, on lit : « Ils se déchiraient les mains aux dards des Aloès « .
Flaubert doit vouloir parler d’Agave, inconnus alors en Afrique. Le seul Alœ à dard piquant — Alœ ferox — ne pouvait pas, lui non plus, être connu en Afrique du Nord.
Plus loin, Flaubert parle de maïs — importé d’Amérique du Sud.
Les connaissances de Flaubert en botanique laissaient à désirer.
(Extrait de « Cactus « , octobre-décembre 1955, 10° année).