Les Amis de Flaubert – Année 1957 – Bulletin n° 10 – Page 44
La vente des manuscrits Flaubert
Dans le courant des mois de décembre 1956 et janvier 1957 ont eu lieu à Paris, salle Drouot, plusieurs ventes de manuscrits de Gustave Flaubert.
Les enchères obtenues ont été particulièrement élevées.
Regrettons toutefois que les adjudications n’aient eu lieu au bénéfice de différentes personnalités dont les sentiments flaubertistes sont peut-être notoires, mais dont les moyens d’action et surtout de paiement sont supérieurs à ceux des Collectivités.
Il est en effet profondément pénible de constater que ces Collectivités — on pense particulièrement aux villes et à leurs bibliothèques — soient pratiquement démunies de toute possibilité pratique de se porter aux enchères, n’ayant aucun argent disponible et ne pouvant acquérir quoi que ce soit sans un accord préalable des administrateurs civils qui les dirigent.
Seules, la Bibliothèque Nationale et l’Administration des Archives de France ont un droit de réquisition (de quelques jours) sur les objets et documents vendus. Elles en usent rarement lorsque (et c’est le cas pour Flaubert) ces objets ou documents ne les intéressent, si l’on peut dire, qu’au second degré.
Il serait souhaitable que les Municipalités ou les Sociétés, préalablement alertées (par l’envoi de catalogues, par exemple), puissent, elles aussi, avoir le droit de reprise, au taux des dernières enchères portées, sur des documents qui les intéressent au plus haut point. Ne doutons pas que Paris et la Province feraient l’effort nécessaire si on était autorisé à le faire.
Peut-être aussi la Bibliothèque Nationale et les Archives de France pourraient-elles avoir la possibilité, en tant que mandataires spéciaux, d’exercer ce droit de réquisition postérieur aux enchères, et rétrocéder le document requis à la Collectivité demanderesse.
Quelle que soit la solution adoptée, il est grand temps d’intervenir si on ne veut pas assister à ce spectacle stupide et injurieux de voir des documents et objets de maîtres, happés par des mains plus lestes que les mains administratives, disparaître à tout jamais dans l’obscurité des collections individuelles.
Cette observation posée, notre Société fait connaître ci-dessous les documents vendus et les enchères obtenues.
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I. — Salle Drouot, n° 1
Ventes des 11 et 12 Décembre 1956
N° 153. — Flaubert : Madame Bovary — Mœurs de Province. Paris, Michel Lévy, 1857. 2 vol. in-12, brochés, couverture, chemise et étui. Édition originale.
Adjugé 12.000 francs
N° 154. — Flaubert : Madame Bovary. Paris, Blaizot, 1931. In-4° broché, emboîtage d’éditeur. Tirage limité à 336 exemplaires, illustré de 56 aquarelles, 1 frontispice et 20 hors-texte, par Charles Léandre.
Adjugé 5.000 francs
Exemplaire sur vélin de Rives.
Frais en sus des prix d’adjudication : 21,20 %.
II. — Salle Drouot, n° 7
Ventes des 11 et 12 Décembre 1956
N° 111. — Lettre de Flaubert à la Vicomtesse Lepic, vers 1871. Inédite. (Il lui parle d’un déplacement éventuel à Rabodange (Orne) et d’un manuscrit remis à l’éditeur Hetzel et égaré par ce dernier).
Adjugé 20.000 francs
N° 112. — Lettre de Flaubert à la Vicomtesse Lepic, vers 1873 ou 1874. Inédite. Il dit avoir terminé La Tentation de Saint-Antoine ; s’occuper du Sexe Faible de Louis Bouilhet, et termine en disant : « Je me suis aperçu que je vous aimais… »
Adjugé 75.000 francs
N° 113. — Lettre de Flaubert à la Vicomtesse Lepic, vers 1875 ou 1876. Inédite. Il dit attendre d’Osmoy et Tourgueneff et lire à Boulet (Directeur de la Gaîté), la féerie du Château des Cœurs. Il prend des notes pour son « formidable bouquin » (Bouvard et Pécuchet).
Adjugé 14.000 francs
N° 114. — Lettre de Flaubert à Ernest Feydeau.
Croisset, 22 septembre 1870. Il envoie cent francs à Feydeau et se plaint des Prussiens.
Adjugé 60.000 francs
Frais en sus des prix d’adjudication : 21,20 %.
III. — Salle Drouot.
Ventes des 13 et 14 décembre 1956Vente de très précieux Ouvrages et Manuscrits dépendant de la Bibliothèque du Docteur Lucien Graux, à Paris.
N° 109. — Madame Bovary : la « Revue de Paris », 1856. Édition pré-originale de six fascicules parus du 1er octobre au 15 décembre 1856, gardant la pagination de la Revue.
Adjugé 91.000 francs
N° 110. — Madame Bovary : la « Revue de Paris », 1856. Tirée du Tome 39 de la « Revue de Paris ». Relié.
Adjugé 13.000 francs
N° 111. — Madame Bovary. Édition Michel Lévy, 1857, sera un volume relié sur Vélin fort, contenant en sus :
1° Le brouillon de la main de Flaubert, du traité de cession de roman à Michel Lévy.
2° Un memento dressé, en 1873, par l’éditeur des traités passés entre Flaubert et lui et mentionnant les éditions successives de Madame Bovary.
3° Le traité de cession passé avec l’éditeur Lemerre pour la publication de Madame Bovary, en 1873.
4° Le plan de Yonville-l’Abbaye, dressé de la main de Flaubert.
Adjugé, le tout : 725.000 francs
N° 112. — Salammbô. Édition Michel Lévy, 1863, relié, contenant en sus :
1° Trois lettres autographes de Flaubert à Ernest Feydeau.
2° Le contrat de cession à l’éditeur Lemerre pour la publication de Salammbô, en novembre 1878.
3° Onze dessins de l’architecte Deverin.
Adjugé, le tout : 330.000 francs
N° 113. — La Tentation de Saint-Antoine. Édition Charpentier, 1874, contenant en sus :
1° Cinq lettres autographes de Flaubert à Edmond Laporte (4) et à Maxime du Camp (1).
2° Le contrat de cession de Flaubert à l’éditeur Charpentier pour la publication de la Tentation de Saint-Antoine, du Candidat et pour la réimpression de Madame Bovary (1874).
Adjugé, le tout : 190.000 francs
N° 114. — Trois Contes. Édition Charpentier, 1877. Relié. Contenant, en sus, un billet autographe de G. Flaubert.
Adjugé 405.000 francs
N° 115. — Bouvard et Pécuchet. Édition Lemerre, 1881. Relié. Contenant, en sus, une lettre autographe de G. Flaubert.
Adjugé 105.000 francs
N° 116. — Lettres de Gustave Flaubert à sa nièce Caroline. Édition Fasquelle, 1906 (sur japon).
Adjugé 12.800 francs
Total des huit Ventes Flaubert : 1.871.000 francs
Frais en sus des prix d’adjudication : 21,20 %.