Les Amis de Flaubert – Année 1958 – Bulletin n° 12 – Page 59
La Vie de notre Société
Sommaire : François-Roger-Lucien Peaucelle, p. 59 ‒ Cérémonie Verhaeren, p. 59 ‒ Cérémonie Flaubert du dimanche 15 décembre 1957, p. 59 ‒ Visite au Musée Guérin de l’eau, p. 59-60 ‒ Promotions et Nominations, p. 60 ‒ Flaubert au Conseil municipal de Rouen, p. 60 ‒ Autour des tombes Flaubert – Roquigny, p. 61
François-Roger-Lucien Peaucelle
Notre Société a été douloureusement affectée par la mort imprévue et rapide de François Peaucelle, enlevé aux siens, à l’âge de 20 ans et à la suite d’une crise de poliomyélite, alors qu’il séjournait sur la Côte d’Azur et en vacances, le 16 septembre dernier.
François Peaucelle était doué des plus belles qualités d’esprit et de cœur. C’était un lettré sensible, ouvert à toutes les cultures et ayant voué à Flaubert et à son œuvre une admiration sans réserve. Il avait fait d’excellentes études au Lycée Corneille.
Lors de notre dernier concours littéraire Bovary, à l’occasion du centenaire du célèbre roman, et en février 1957, François Peaucelle avait obtenu le premier prix, après une composition de la plus haute valeur que nous avions été heureux de publier dans notre dernier Bulletin n° 11.
Aujourd’hui, c’est dans le Bulletin suivant que nous devons parler de ce jeune écrivain qui avait bien voulu nous honorer de sa bienveillante amitié, et nous sommes obligés d’employer des mots de deuil que nous n’aurions jamais souhaité même d’envisager. C’est un jeune destin qui s’achève, beaucoup trop tôt, ce qui augmente notre douloureuse émotion.
A sa famille, père, mère, frères et sœurs, nous offrons nos sentiments de tristesse et tenons à leur dire à quel point leur deuil est aussi le nôtre.
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Cérémonie Verhaeren du 27 Novembre 1957
Le mercredi 27 novembre 1957, la Société des Amis de Flaubert, invitée par M. le Consul général de Belgique à Rouen et par les Sociétés Belges de Rouen, s’est rendue en délégation devant le Monument Émile Verhaeren, élevé à la mémoire du grand poète belge, décédé tragiquement à Rouen, le 27 novembre 1916.
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Cérémonie Flaubert du Dimanche 15 Décembre 1957
Le dimanche 15 décembre 1957, comme les années précédentes, la Société des Amis de Flaubert s’est rendue, au Cimetière Monumental de Rouen, sur la tombe de la famille Flaubert et sur celle de Louis Bouilhet. Une gerbe de fleurs a été déposée sur la tombe de Gustave Flaubert par M. Toutain, Président de la Société.
La Société a à nouveau émis le vœu que la tombe voisine, celle des Roquigny-Flaubert, soit aménagée et entretenue par la Ville de Rouen comme celle des Flaubert.
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Visite au Musée Guérin de l’eau
Le lundi 23 décembre 1957, la Société, invitée par le propriétaire de la péniche « Musée Guérin », amarrée près du pont Corneille, s’est rendue en délégation pour y visiter ce très curieux Musée contenant reproductions de personnages historiques célèbres, en leurs « comportements » classiques, de Roland à Roncevaux, jusqu’au bal musette de la Taglioni ; c’est une suite d’évocations du plus bel effet.
L’accueil réservé aux visiteurs par Mme Thomas, directrice du Musée-péniche, est à citer en exemple.
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Promotions et Nominations
I. – Par arrêté en date du 24 décembre 1957 et dans la première Promotion de cet Ordre, notre président, M. Jacques Toutain-Revel, a été promu Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.
Cette distinction, qui récompense un long passé à l’œuvre flaubertiste. honore notre Président comme elle honore notre Société.
II. — M. Henry Lefai, un de nos fidèles adhérents, dont nous avons si souvent inséré les brillantes chroniques, nous annonce, dans une lettre du 15 novembre 1957, qu’il vient d’être reçu membre du Syndicat de la Presse Artistique Française. Les Amis de Flaubert lui adressent leurs compliments bien sincères.
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Flaubert au Conseil Municipal de Rouen
La Société des Amis de Flaubert sollicite respectueusement chaque année, de la bienveillance du Conseil Municipal de Rouen, une légère subvention pour l’aider à vivre. Les demandes, sans doute, sont nombreuses et Flaubert ne saurait prétendre à l’exclusivité. Nous sommes heureux de publier ci-dessous le compte rendu des débats de la séance du 6 mai 1957, tel que publié dans le Bulletin Municipal de la Ville de Rouen.
I. Sociétés diverses et Sociétés sportives. — Subventions.
Mme Colette Privat. — C’est au sujet de la subvention allouée aux Amis de Gustave Flaubert. La subvention est reconduite cette année comme l’an dernier et je crois que l’Association n’a pas formulé d’exigence nouvelle, mais le Président me faisait part de ses difficultés et par suite d’une modestie que l’on comprendre bien, étant donné la manière toujours un peu réticente des Pouvoirs publics à accorder les subventions, l’Association, dis-je, n’a pas formulé d’exigence supplémentaire, mais si la Ville peut se montrer un peu plus généreuse, ce serait quand même bien venu, ne serait-ce que quelques milliers de francs supplémentaires. Vous voyez dans quel esprit je pose la question.
M. Albert Morel. — Je m’associe à cette demande.
M. le Maire. — Je vais prendre note de toutes vos demandes et à la fin de ce débat je vous inviterai à vous prononcer sur ces nouvelles demandes, étant entendu que vous resterez dans les limites du crédit de ce chapitre.
Mme Colette Privat. — Une fois n’est pas coutume, mais je souscris à la proposition de M. Lecanuet. Je propose que soit diminuée la subvention donnée à l’Étrier pour les raisons qu’il a avancées et que je fais miennes. Je demande que l’argent que nous lui retirons permette d’augmenter la subvention des Amis de Flaubert, notamment.
M. le Maire. — Personne ne demande plus la parole ? Maintenant, c’est terminé.
Vous avez demandé en supplément de ce qui est inscrit un supplément pour les Amis de Flaubert ; c’est 5.000 francs que vous voulez de plus ?
Mme Colette Privat,. — Au moins.
Nous remercions Mme Colette Privat, une de nos fidèles adhérentes, professeur agrégée à l’École Supérieure des Lettres de Rouen, et M. Albert Morel, un ami de longue date, lettré lui aussi, de leur courageuse initiative.
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Autour des Tombes Flaubert-Roquigny
Nous avons eu moins de chance à propos des tombes Flaubert-Roquigny au cimetière Monumental de Rouen, et dans les circonstances que voici :
On sait que la tombe de la famille Flaubert, dans laquelle se trouve inhumé, à la gauche de la sépulture, Gustave Flaubert et sur la demande de notre Société, est entretenue par la Ville de Rouen, à chaque pèlerinage annuel, en décembre. On se plaît à reconnaître le soin avec lequel a lieu cet entretien.
Devant la tombe de la famille Flaubert, se trouve celle de Ernest Roquigny, fils d’Adolphe Roquigny et petit-fils, par Adolphe Roquigny époux de Juliette Flaubert, de Achille Flaubert, frère de l’écrivain.
Or cette tombe, qui se trouve elle-même devant la tombe familiale Achille Flaubert-Julie Lormier, est actuellement dans un état d’abandon des plus regrettables.
S’agissant en l’espèce des Roquigny-Flaubert, neveu et petit-neveu de Gustave Flaubert, notre Société avait demandé à la Ville de Rouen si elle ne pouvait pas opérer le nettoyage de cette tombe Roquigny-Flaubert, voire même un discret et opportun aménagement. (Lettre du 24 Juillet 1958).
Par lettre en date du 23 septembre 1957, M. l’adjoint Delivet. chargé du service, avait bien voulu répondre favorablement, se contentant en outre de solliciter l’autorisation préalable de la famille Roquigny.
La famille Roquigny n’habite plus Rouen, et cette autorisation fut donnée.
Notre Président écrivit alors (25 octobre 1957, puis le 8 janvier 1958) à la Municipalité pour demander qu’un entretien eût lieu sur place, afin de bien délimiter ce qu’on entendait de part et d’autre par travaux de nettoyage et d’aménagement.
Or, à notre grande surprise, M. le Maire de Rouen, par lettre du 14 janvier 1958, a répondu ce qui suit :
VILLE DE ROUEN
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL 47-58
14 Janvier 1958.
Monsieur Jacques Toutain-Revel,
Président des Amis de Flaubert.
Monsieur le Président,
Votre lettre du 8 Janvier a retenu toute l’attention du Conseil de la Municipalité qui a estimé que la Ville de Rouen ne pouvait, sous peine de créer un précédent dont ne manqueraient pas de se prévaloir d’autres de nos concitoyens, procéder à l’entretien de tombes privées.
Je vous en exprime tous mes regrets et vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués.
Le Maire, signé : J. CHASTELLAIN.
Ce n’est, bien sûr, pas la première fois que, dans l’histoire d’une ville, le maire désavoue son adjoint. Ce sont des choses devant lesquelles on s’incline, mais s’agissant de Flaubert, on ne peut qu’être désagréablement surpris de la réponse.
Un précédent ? Plût au ciel que des précédents de cet ordre tombassent fréquemment sur les villes françaises ! Quelle ville ne s’enorgueillirait-elle pas d’être le berceau d’un Corneille ou d’un Flaubert ? Et nous pouvons gager que celles qui le seraient n’hésiteraient pas à décider — dût-il en coûter quelque argent, et l’entretien d’une tombe ne coûte pas bien cher ! — l’aménagement d’une tombe illustre et de ses alentours.
Et nous ne pensons vraiment pas que les Rouennais puissent en toute décence soit protester contre le fait d’entretenir une tombe qui porte par hérédité et par seule hérédité le nom de Flaubert, soit se servir de ce précédent (ce qui serait entre nous un peu présomptueux) pour en demander l’application sur d’autres sépultures.
Puisque nous sommes seuls, nous agirons donc seuls, tout en constatant avec une certaine amertume combien la misère des grands hommes est pitoyable quand le souvenir lui-même s’efface de la mémoire des survivants.
Les Amis de Flaubert.