Les Amis de Flaubert – Année 1964 – Bulletin n° 25 – Page 41
Un billet de Flaubert à Gill
La caricature de Gill sur Flaubert est l’une des plus connues et des plus réussies. Il fallait autrefois l’autorisation du caricaturé pour être publié, afin d’éviter par la suite des ennuis judiciaires, au cas où le plaignant jugerait avoir été diffamé par le crayon du dessinateur.
Le Journal de Rouen (5 décembre 1869) donne un écho sur cette autorisation demandée à Flaubert.
Nouvelles diverses. — M. Gill, le spirituel caricaturiste vient de s’adresser à l’auteur de l’Éducation sentimentale, pour lui demander l’autorisation de reproduire ses traits. Voici la réponse de M. G. Flaubert :
« Monsieur,
Je ne puis vous accorder la permission que vous me demandez, l’ayant déjà refusée à plusieurs autres.
Je tâche, autant qu’il m’est possible, d’amuser le public par mes livres. C’est bien le moins que je réserve pour moi mon visage !
Je suis fâché de vous désobliger, et je vous prie, Monsieur, d’agréer mes excuses, avec toute l’assurance de ma considération. »
Le Gaulois qui reproduit cette lettre ajoute : « Il paraît qu’une âme charitable ayant informé l’auteur de l’Éducation Sentimentale qu’un seul littérateur s’était opposé à se laisser caricaturer (par haine, sans doute, du pléonasme), et que ce littérateur, qui croit être fait à l’image de Dieu, c’est M. Louis Veuillot, M. Gustave Flaubert aurait rendu son autorisation ».