Les Amis de Flaubert – Année 1964 – Bulletin n° 25 – Page 45
Nouveaux livres sur Flaubert
Alberto Cento, Bouvard et Pécuchet, précédé des scénarios inédits (édition critique) Naples-Paris (Nizet 1964).
Cet ouvrage est édité par les soins de l’Université de Naples, en vue de l’obtention du titre de docteur-es-lettres. Il apporte une contribution importante à ce roman inachevé de Flaubert et sur lequel la critique littéraire ne s’est guère penchée. M. Cento publie cette édition avec les variantes de Flaubert ou du copiste, les ajouts ou les coupures de sa nièce, ainsi que les scénarios de préparation. L’ensemble est précédé d’une longue introduction, dans laquelle M. Cento regroupe les étapes de ce roman, les lointaines origines, celle des deux greffiers, qui est peut-être due à une nouvelle de Barthélémy Maurice; les scénarios de 1863, la légende de l’album et celle plus certaine de l’album de la Marquise, auquel songeait Flaubert, à la suite des idées reçues, la préparation du roman et sa rédaction (1877-80).
Un second volume doit suivre avec le sottisier et ses hypothèses. « Ce qui est vrai, c’est que le sottisier, ce projet caressé pratiquement toute sa vie, est une pièce essentielle pour la connaissance de Flaubert ». Avec ce premier volume, pour lequel M. Cento a consacré plusieurs années de recherches, nous avons enfin une étude critique et méticuleuse sur ce roman interrompu par sa mort et qui a été livré à l’édition, revu, corrigé par sa nièce que l’on peut juger abusive. La tâche de M. Cento était difficile ; il s’en est tiré avec conscience et habileté. Son premier ouvrage sur Bouvard et Pécuchet sera désormais celui auquel on devra se fier et employer pour tout ouvrage critique sur ce roman et ses personnages. Il manquait ; maintenant nous sommes comblés par un critique averti.
A. D.
Geneviève Bollème, La leçon de Flaubert, Paris, Julliard, 1964 (dossiers des Lettres nouvelles).
Mme Geneviève Bollème qui l’an dernier, avait publié Préface à la vie d’écrivain (choix d’extraits de la correspondance de Flaubert, Édit. du Seuil) nous donne cette année un essai: La leçon de Flaubert. Mme Bollème est chef de travaux à l’école pratique des Hautes Études. Elle traite dans ce dernier ouvrage de la poétique, des gammes descriptives, de la description romanesque dans l’œuvre de Flaubert, qui cherchait à voir d’une manière différente de celle des autres hommes. Il est l’homme d’un style, celui d’un artiste qui a une manière particulière pour s’exprimer. Il est un artiste dégagé et non pas engagé, sans doute bien davantage que l’auteur d’une pièce de théâtre qui a besoin de décors et d’acteurs, pour faire connaître sa pensée. Flaubert va plus loin : il plante un décor et des personnages et il leur demande de jouer eux-mêmes et en leur fonction réciproque, leur propre comédie. Mme G. B. avance, non sans raisons, que Flaubert est le père du nouveau roman et elle écrit « La littérature cesse d’être le mouvement d’une imagination, pour être le mouvement d’une conscience. Elle ne construit plus de mondes, elle s’efforce de suivre celui qui est offert à nos yeux. À force d’aller dans le sens d’une investigation créatrice, et plus particulièrement dans le sens d’une investigation psychologique, la conscience a fini par se prendre elle-même pour objet ; elle se décrit elle-même, elle décrit ses démarches, elle se mime et ce faisant, elle se décrit elle-même dans le monde qu’elle voit, s’y reflétant comme dans une eau limpide… » Mme Bollème doit avoir singulièrement raison. Dans cette phrase par exemple « Mais une rafale de vent fit se courber les peupliers, et tout à coup la pluie tomba ». Aurions-nous mis se ? Flaubert l’a mis. Ce pronom illustre sa méthode.
Mme Bollème, avec la publication de cet essai longuement médité, s’est efforcée de nous révéler les tours du magicien en style que fut Flaubert. Il faut la remercier d’avoir largement contribué à son explication et de nous lancer sur de nouvelles pistes.
A. D.
Lorenza Maranini : Il « 48 Nella Struttura délla Éducation Sentimentale e altri studi francesi. (Nistri-Lischi), 1963 Pisa.) 263 pages.
Madame Maranini, professeur de littérature française à l’Université de Pise nous a adressé son dernier ouvrage, paru en italien, dans la collection « Sagi di varia humanita »
Comme son titre l’indique, elle s’est penchée sur le problème de la Révolution de 1848, qui est le fonds du décor de l’ouvrage de Flaubert et aussi de la génération du romancier.
Il nous est agréable de constater qu’en Italie, le romancier rouennais a ses fidèles et ses partisans et que son œuvre y est méticuleusement étudiée.
A. D.
Les Amis de Flaubert – Année 1964 – Bulletin n° 25 – Page 23
Les Cahiers Naturalistes : Sommaire du n° 26. — Le docteur Jacques Émile Zola et son père (Armand Lanoux) ; Il y a cent ans Émile Zola faisait à Lille ses débuts dans la presse (Claude Bellanger ; Un poème de jeunesse inédit de Émile Zola ; Émile Zola et Claude Monet (Rodolphe Walter).
Ils sont le bulletin de liaison des Amis de Zola (cotisation : 10 F), C.C.P. 63 75 Paris, 6, rue Monge, Paris 5e.