Il y a cent ans : la mort de Louise Colet

Les Amis de Flaubert – Année 1979 – Bulletin n° 54 – Page 44

 

Il y a cent ans : la mort de Louise Colet

Discrètement, le Journal de Rouen du 10 mars 1876, dans sa chronique des nouvelles diverses, signalait : « Deux femmes également célèbres dans le monde des lettres viennent de mourir à quelques jours de distance : la première est Madame d’Agoult, qui s’était fait connaître sous le nom de Daniel Stern ; la seconde est Madame Louise Colet, morte avant-hier à Paris ». Ce fut tout car le Nouvelliste de Rouen, dont le directeur était Charles Lapierre, ami de Flaubert, ne mentionna pas ce petit événement littéraire.

Louise Colet était une libre penseuse militante. Elle fut enterrée à Verneuil-sur-Avre où sa fille, mariée au Dr Bissieu, avait une maison à Piseux. Sans doute, pour des raisons de convenance locale, sa famille crut bon de lui donner une sépulture religieuse.

On retrouve d’ailleurs dans le registre de catholicité de l’église de Sainte-Madeleine de Verneuil, déposé aux Archives départementales de l’Eure, l’acte en question :

N° 13 (année 1876)

Inhumation de Louise Colet née Revoil.

« L’an de N.S.J.C. 1876, le vendredi 10e jour de mars, vu le certificat de l’officier civil, le corps de Louise Colet née Revoil, née à (en blanc), décédée le 8 du courant en cette paroisse dans sa (en blanc), muni (barré) des sacrements de l’Église, a été inhumée dans le cimetière de cette paroisse, par nous, curé de la Madeleine, en présence de sa famille ». Signé : Forcinal.

Les registres catholiques de l’Eure ont des formules imprimées. Le curé de cette paroisse a cru bon, par esprit de conscience, de barrer le mot muni : c’est le seul de cette année-là qui mérite cette remarque. Une autre erreur : Louise Colet n’est pas décédée à Verneuil-sur-Avre, mais à Paris. Sa tombe existe toujours dans le cimetière.

(A. D.).

 

Sur Louise Colet

Relevé dans l’Illustration, n° 1729 (15 avril 1876), sur les mœurs académiques en 1843, jugées par Sainte-Beuve, qui devait devenir académicien lui-même par la suite. « La poésie de Madame Colet, c’est en effet un je ne sais quoi qui est parfois le simulacre du bien, qui a un faux air de beau. Sa poésie a un assez beau busc ou buste, si vous voulez, c’est comme la dame elle-même. — La trouvez-vous belle, me disait-on un jour. — Oui, ai-je entendu, elle a l’air d’être belle. — Voilà ce qu’il faut à l’Académie Française prise en masse. »