Assemblée générale du 18 janvier 2020 : bilan moral de 2019

Assemblée générale de l’association des Amis de Flaubert et de Maupassant,
18 janvier 2020

Rapport moral
Vie de l’association des Amis de Flaubert et de Maupassant
pour l’année 2019

La programmation des activités de notre association suit désormais le calendrier scolaire (ou « académique »), de septembre à juin, mais l’assemblée générale est maintenue en janvier, les adhésions couvrent l’année civile, et ce bilan revient sur l’ensemble de l’année 2019, à cheval donc sur deux saisons.

Lectures

La lecture occupe une place de plus en plus importante dans nos rencontres, soit seule, soit en ponctuation de nos journées d’étude. Notre association compte des lecteurs et lectrices bien entraînés, en particulier Joëlle Robert, Gilles Cléroux et Joël Dupressoir. Nous collaborons souvent avec l’association de lecture à voix haute « Le Lire et le Dire », domiciliée à Canteleu.

Le jour de l’Assemblée générale (19 janvier) a été l’occasion d’entendre une conférence-lecture de Jeanne Bem, « Bouvard et Pécuchet, deux retraités heureux », qui se présentait comme une introduction originale, à la fois savante et ludique, au dernier roman de Flaubert, parlant aussi bien à celles et ceux qui connaissent bien l’œuvre qu’au public en attente de le découvrir. Cette conférence dynamique faisait alterner les paroles de la conférencière, d’un narrateur et des « bonshommes » de Flaubert. La performance a été enregistrée à l’Hôtel littéraire Flaubert, à l’occasion de la Nuit de la lecture, et elle est consultable en ligne sur la chaîne YouTube de l’association, à cette adresse : https://www.youtube.com/watch?v=kfo0iZC6Ju0

De gauche à droite : Joël Dupressoir, Gilles Cléroux, Joëlle Robert, Jeanne Bem, Arlette Dubois

La rencontre-lecture du 11 mai avec le GIHP (Groupement pour l’insertion des personnes handicapées) et « Le Lire et le Dire » se situait dans la continuité de celle organisée avec la même association l’année précédente. C’est encore Maupassant qui était au programme sur le thème du couple : « Amour et mariage entre alcôve et gros sous ». Les nouvelles Au bord du lit, La Correspondance, Hautot père et fils, Le Legs, Sauvée étaient reliées par un fil conducteur composé pour l’occasion. La traduction en langage des signes était assurée pour les malentendants. À l’occasion de cette rencontre, la Métropole a bien voulu installer une rampe d’accès pour les fauteuils roulants, équipement que le Consortium des sociétés savantes demandait depuis longtemps. Cet équipement pérenne permet donc à l’Hôtel sis au 192 de la rue Beauvoisine, à Rouen, d’être en règle avec la législation garantissant l’accès des lieux publics aux personnes en situation de handicap.

Le 17 novembre, notre association et « Le Lire et le Dire » ont été partenaires avec le château de Martainville, musée des Arts et Traditions normands, pour y donner lecture d’extraits de Flaubert et de Maupassant sur le thème de la femme, en marge de l’exposition « Femmes, je vous aime. Être une femme en Normandie du xviie siècle au début du xxe siècle ».

Le public apprécie particulièrement ce contact vivant avec les textes de nos auteurs, qui passent très bien la rampe. L’oral renouvelle la perception et la compréhension de ces textes que l’on a l’habitude de lire silencieusement dans un fauteuil.

Rencontres avec des auteurs

Depuis plusieurs années, sous l’égide de Joëlle Robert, les Amis de Flaubert et de Maupassant collaborent avec l’Hôtel Littéraire Gustave Flaubert (33 rue du Vieux Palais à Rouen) pour organiser des rencontres-signatures avec des auteurs dont les livres traitent des deux écrivains. Ce sont le plus souvent des romanciers ou des romancières, parfois des essayistes ou des universitaires. Ont été invités cette année Arne Ulbricht (29 novembre), écrivain allemand enseignant l’histoire et le français, pour son roman biographique Cette petite crapule de Maupassant (traduit de l’allemand par Élisabeth Willenz, présente ce soir-là, Les éditions du Sonneur, 2019). Sous un titre emprunté à une formule de Suzanne Lagier, cette tranche de biographie romancée couvre les années de formation de l’écrivain : comment le petit Guy est-il devenu Maupassant ? et plus généralement, comment devient-on un grand écrivain, ce qui est aussi le rêve et l’ambition d’Arne Ulbricht, de son propre aveu. La conversation était menée par Marlo Johnston, auteur de la biographie de référence publiée chez Fayard en 2012. Bel exercice de confrontation entre la vérité biographique et la liberté de l’invention fictionnelle. Une Anglaise s’entretenant avec un Allemand au sujet d’un livre sur Maupassant traduit en français : c’était une image forte de la dimension internationale de l’un des auteurs les plus traduits et lus dans le monde.



Arne Ulbricht / Marlo Johnston / Élisabeth Willenz

La seconde rencontre à l’Hôtel Littéraire Gustave Flaubert s’est tenue le 6 décembre. Elle était placée sous le signe du féminin, par les deux intervenantes, Danielle Bahiaoui (secrétaire des Amis de George Sand) et la romancière Agnès Desarthe, et par la modératrice, Véronique Bui, enseignante à l’université du Havre, venue de sa ville avec un car rempli d’étudiants en master de création littéraire. Le sujet portait également pour moitié sur le féminin, puisqu’il s’agissait de parler de la nouvelle édition de la correspondance entre George Sand et Flaubert, Tu aimes trop la littérature, elle te tuera (Le Passeur, 2018), préfacée par Danielle Bahiaoui. C’est assurément l’un des sommets dans les correspondances des deux écrivains, par l’intérêt du contenu, soutenu par le nombre important de lettres conservées des deux côtés, à part égale : 221 lettres de Flaubert, 199 de Sand.

 

De gauche à droite : Agnès Desarthe, Véronique Bui, Danielle Bahiaoui

Conférences

La première journée de conférences a été organisée le 23 mars conjointement avec les Amis d’Hector Malot, association présidée par Francis Marcoin et dont le secrétariat est assuré par la très dynamique Agnès Thomas-Vidal, arrière-petite fille de Malot. Nos trois auteurs ont fait partie d’une « école » baptisée « de Rouen » : si cette dénomination s’applique généralement à un groupe de peintres impressionnistes rouennais, elle a également été utilisée pour désigner les nombreux jeunes écrivains ralliés autour de Flaubert mais aussi de Bouilhet, dont Hector Malot fut très proche. Au même moment, Levallois, Malot et Eugène Noël, ami de Michelet, parlaient également d’École de Rouen à propos des hommes de science groupés autour du Dr Pouchet, dont tous les Rouennais, littérateurs en tête, prirent le parti dans sa mémorable controverse avec Pasteur autour de la question de la « génération spontanée ». C’est cette ambition rouennaise de concurrencer la capitale dans le domaine des lettres et des sciences qui a été envisagée lors de cette journée.

Agnès Thomas-Vidal et Francis Marcoin

Sous forme de deux tables rondes, des intervenants et leurs auditeurs ont discuté le 12 octobre des femmes dans la vie et dans les œuvres de Flaubert et de Maupassant, au château de Martainville, dans le cadre de l’exposition déjà mentionnée « Femmes, je vous aime… », exposition que les membres de l’association ont découverte le matin, en suivant une visite guidée. L’une des salles était consacrée à Emma Bovary, « la femme empêchée », présentée à travers des tableaux et des illustrations du roman, parmi d’autres portraits de femmes liées à la Normandie.

De gauche à droite : Françoise Mobihan, Yvan Leclerc, Véronique Bui, Daniel Fauvel, Joëlle Robert

Chaque année a lieu une séance consacrée à l’actualité de la recherche et des publications sur Flaubert et Maupassant. Ce fut l’occasion, le 30 novembre, d’écouter une doctorante, un docteur et une docteure qui ont récemment soutenu une thèse, montrant qu’on n’en a jamais fini avec nos auteurs et qu’on peut toujours tenir prête une réponse à ceux qui s’étonnent : mais après tant d’années, qu’est-ce qu’on peut encore trouver à dire sur Flaubert et sur Maupassant ? Pendant cette journée, Daniel Fauvel a présenté son nouvel ouvrage, L’affaire Ferdinand Delamare a-t-elle inspiré Flaubert ? (Wooz Éditions, 2019), et, coécrit avec Hubert Hangard, la suite de Fortune & infortune des Flaubert, le tome 1 envisageant la période qui va du grand-père au père de l’écrivain : « De Nicolas Flobert [sic] à Achille Cléophas Flaubert ».

Voyage d’étude

À l’occasion des 150 ans de la publication de L’Éducation sentimentale (1869), le voyage d’étude annuel a conduit une cinquantaine de personnes à Paris, et plus précisément dans le Paris de 1848, en compagnie de deux guides nommés Flaubert et Du Camp, avec L’Éducation sentimentale dans une main et les Souvenirs de 1848 dans l’autre. L’idée en revient à Michel Lambart, la préparation à Jean-Luc Brière, Yannick Marec et Arthur Duval. Notre itinéraire a suivi à peu près la chronologie des événements : Panthéon, Boulevard des Capucines, Place de la Madeleine, Palais-Royal (où se trouvait le Château d’eau), Tuileries et Hôtel de Ville. Chaque arrêt a donné lieu à un point d’histoire et à des lectures extraites de L’Éducation sentimentale (le premier chapitre de la troisième partie) et des Souvenirs de 1848.

Manifestations

L’Association des Amis de Flaubert et de Maupassant a été présente, comme l’année dernière, au Forum des Associations « À l’asso de Rouen » (7 septembre), sur le « Quai des livres » (15 septembre) et au Salon des Sociétés savantes (9 novembre). Les retombées financières n’atteignent pas une somme à quatre chiffres, mais ces rencontres d’un public nouveau sont riches en discussions, en découvertes (par exemple une personne qui possède une lettre inédite), et en perspectives de fructueuses collaborations.

Le détail de toutes ces rencontres peut être retrouvé sur le site internet de l’association, dans les rubriques « Programme » et « Dernières actualités », à l’adresse : https://www.amis-flaubert-maupassant.fr/

Prévisions pour l’année 2020

Le programme de notre association pour l’année 2020 est entièrement consacré à Maupassant, puisque le calendrier des commémorations nationales réserve l’année 2021 à celui dont on célébrera le bicentenaire de la naissance.

L’Assemblée générale se tient le samedi 18 janvier. Nous faisons en sorte que ce rassemblement ne soit pas uniquement un temps fort de l’administration, avec la restitution des bilans. Une conférence et des lectures viennent compléter les rapports moral et financier. En 2020, l’occasion nous est fournie par la publication du premier volume des Œuvres complètes de Maupassant, dirigées par Antonia Fonyi aux Classiques Garnier : Chroniques, I (1876-mars 1882), avec la présentation du volume par Marie-Françoise Melmoux-Montaubin et Anne Geisler-Szmulewicz, les deux éditrices scientifiques. La veille au soir, à l’Hôtel Littéraire Gustave Flaubert, des extraits de ces chroniques ont été lus dans le cadre des Nuits de la lecture.

La première journée de conférences aura lieu le samedi 15 février. Elle est organisée par Catherine Botterel-Michel, éditrice des Dimanches d’un bourgeois de Paris, à paraître en Folio. Cette publication lui a donné l’idée d’une journée complète consacrée à un sujet très présent mais assez peu traité dans l’œuvre de Maupassant, le rire et l’humour. Sous le titre général « Histoire d’en rire, dans l’œuvre de Maupassant », interviendront des universitaires de renom : Anne-Simone Dufief (« L’humour noir dans les récits de guerre de Maupassant »), Catherine Botterel elle-même (« La satire du bourgeois dans Les Dimanches d’un bourgeois de Paris »), Anne-Francoise Blot (« La représentation de types satiriques dans la presse de l’époque »), Daniel Sangsue (« Portrait de l’écrivain en jeune singe : la parodie chez Maupassant ») et Daniel Grojnowski (« Un rire qui grince »).

À la demande des Amis des Musées d’Art de Rouen et des Amis des Musées de la Métropole et du Département de Seine-Maritime, les Amis de Flaubert et de Maupassant assureront, dans le cadre des  Vendredis de la Métropole », le vendredi 20 mars, une conférence sur « Le Rouen de Maupassant : Maupassant à Rouen, Rouen dans l’œuvre de Maupassant », conférence à plusieurs voix (Gilles Cléroux, Joël Dupressoir, Hubert Hangard, Marlo Johnston, Yvan Leclerc, Françoise Mobihan, Guy Pessiot), illustrée par les images du Rouen de l’époque de Maupassant, et ponctuée de lectures. Le lendemain, samedi 21 mars, comme en application à cette conférence, sera proposée une promenade littéraire dans le Rouen de Maupassant.

Le voyage d’étude annuel conduira le samedi 6 juin à Saint-Jouin-Bruneval, où Maupassant fréquentait l’auberge de la Belle Ernestine (et la belle Ernestine elle-même…). Ce voyage est organisé par Gilles Honoré, en collaboration avec l’écrivaine Agnès Desarthe, qui lira des textes de Maupassant en rapport avec les lieux.

Pour clore la saison 2019-2020, nous avons programmé une séance de lectures de Maupassant, le samedi 20 juin, en plein air s’il fait beau, dans un lieu encore à préciser (nous pensons au square Verdrel, aux places restaurées de la Rouge-Mare ou devant la Bibliothèque patrimoniale Villon). Nous poursuivrons notre partenariat avec « Le Lire et le Dire ». Nous réfléchissons à une nouvelle forme de lecture participative, incluant le public.

Le calendrier du second semestre 2020 n’est pas encore fixé. Il sera précisé en juin. Mais les thèmes sont déjà retenus : en octobre, une journée sur l’éducation de Maupassant, et en novembre, la journée bilan, qui sera entièrement consacrée aux recherches et aux publications sur cet auteur.

Marie-Claire Bancquart

Nous avons appris avec beaucoup de tristesse la mort de Marie-Claire Bancquart, le 19 février 2019. Elle avait accepté de faire partie du comité d’honneur de notre association, et nous l’avions reçue en 2008 pour une conférence sur « Maupassant et le Pays de Caux », publiée dans le Bulletin Flaubert-Maupassant, n° 24, 2019. Elle avait enseigné à l’université de Rouen entre 1965 et 1977, multipliant alors les conférences en ville, les articles et les colloques sur Maupassant, Flaubert et Bouilhet, collaborant avec l’ancienne association des Amis de Flaubert dont elle était vice-présidente en 1968, et avec la Société libre d’émulation. Spécialiste de la période fin-de-siècle et de l’image de Paris dans la littérature, thèmes sur lesquels elle avait publié plusieurs ouvrages, éditrice dans la Pléiade des Œuvres d’Anatole France (4 vol., 1984-1994), on lui doit, pour le domaine qui concerne nos auteurs, une précieuse édition des Lettres de Louis Bouilhet à Louise Colet (Publications de l’université de Rouen, 1967, avec un groupe d’étudiants de la Faculté de lettres, ce qui en dit beaucoup sur la façon dont elle concevait l’enseignement et la recherche universitaires dès avant 1968…), l’indémodable ouvrage sur Maupassant, conteur fantastique (Minard, Archives des lettres modernes, 1976, rééd. 1993), de nombreuses éditions d’œuvres séparées de Maupassant, et deux gros volumes thématiques, Boule de suif et autres contes normands (Classiques Garnier, 1971) et Le Horla et autres contes cruels et fantastiques (Classiques Garnier, 1976). En 2004, elle avait choisi, présenté et annoté pour la collection « La Pochothèque » du Livre de poche trois volumes anthologiques de contes et nouvelles : Contes normands, Contes parisiens et Contes cruels et fantastiques. Mais ce que les universitaires savent moins, c’est qu’elle était aussi romancière et surtout poète : plusieurs de ses poèmes figurent dans l’Anthologie de la poésie française, t. II (Bibliothèque de la Pléiade, 2000) ; un volume regroupant plusieurs titres antérieurs, Terre énergumène précédé de Dans le feuilletage de la terre et de Verticale du secret, a paru dans la collection « Poésie-Gallimard », quelques semaines avant sa mort.

Marie-Claire Bancquart à la librairie Tschann à Montparnasse
Rencontre animée par Jean-Pierre Siméon